petits périples

Hélène Raymond


Laisser un commentaire

Se désaltérer à Istanbul

IMG_5056Même si Coca Cola et ses dérivés sont présents un peu partout à travers la ville, dans les machines distributrices comme dans les frigos des épiceries de quartier, il existe encore plusieurs manières de boire « local » et de faire quelques découvertes pour le moins originales.

EAU : essentielle à la vie et à l’énergie (buvez librement, on trouve des toilettes publiques autour de tous les grands monuments). On la boit toujours embouteillée et il est recommandé de la décapsuler soi-même. Même les Stambouliotes boiraient, pour la grande majorité, de l’eau embouteillée. On dit toutefois qu’à l’entrée des mosquées, l’eau des ablutions serait potable (je n’ai pas poussé plus loin la vérification).

Effet direct de cette consommation : des montagnes de plastique se retrouvent aux ordures. Ce qui me semble plutôt ironique dans cette ville où, dès le VI siècle, les Romains ont construit, en cinq ans, une citerne municipale qui recueillait l’eau captée plus haut dans la montagne pour l’emmagasiner sous la terre dans un réservoir qui contenait de quoi abreuver 100 000 habitants! Une merveille de conception que l’on peut visiter et dont les cinéphiles se rappelleront (des scènes de Bons baisers de Russie ont été tournées à la Citerne Basilique et l’équipe de Inferno, de Dan Brown y aurait également travaillé; à la blague, les guides mentionnent le fait que vous la visitez avant que ça ne devienne « infernal » puisque Tom Hanks y a mis les pieds!). Lire la suite


Laisser un commentaire

Cheese 2015, une célébration du fromage et de ses artisans

IMG_0636Bra, au cœur de la région italienne du Piémont, ouvre ses rues, son centre-ville à une foule immense pour une fête du fromage tenue aux deux ans et organisée par Slow Food.

Vous connaissez ce mouvement qui prône le Bon, le Propre et le Juste et qui veut conscientiser les mangeurs à la réalité de tous ces artisans producteurs qui les nourrissent : éleveurs, transformateurs, entrepreneurs consciencieux de l’importance de la qualité de leur travail et préoccupés par les conditions d’existence de leurs fournisseurs de matières premières. Avec ces trois mots (bon, propre et juste), Slow Food entend souligner l’importance de la qualité de la nourriture,  la protection de l’environnement et la nécessité de considérer la valeur de l’effort consenti par ces hommes et femmes de la terre et des campagnes en les rémunérant correctement.

Au cœur de la démarche, divers types de rencontres ponctuelles qui permettent à tous ces gens d’échanger, de partager leurs expériences et de constater qu’ils ne sont pas seuls au monde à batailler pour la survie d’une race, d’une variété végétale, d’une activité de transformation. Slow Cheese est un de ces rendez-vous. Depuis 1997, on réunit des fromagers qui pratiquent encore la transhumance, fabriquent des fromages au lait cru, affinent au sommet des montagnes. Tous les deux ans, ils sont quelques centaines de milliers à venir les croiser, le temps d’une dégustation et d’une rapide explication. En parallèle, on boit et mange, on achète fromages et autres produits alimentaires dans les marchés italien et international, on écoute un peu de musique, assiste à quelques conférences et ateliers divers. On s’instruit et se divertit.

DSCN0102

Lire la suite


1 commentaire

ENFIN! Les asperges!

IMG_6267 Elles se pointent, on ne peut mieux décrire. Une à une, elles vont percer le sol pour s’allonger vers la lumière. Et une à une, des mains patientes vont les trancher de la longueur désirée. Puis, elles seront triées, lavées, plongées dans l’eau glacée et regroupées pour la vente.

DSCN9328

C’est une  merveille de la nature qui supporte qu’on lui retire quelques tiges sans pour autant disparaître. Dans le sol, sa griffe contient suffisamment de réserves pour permettre un certain prélèvement. Elle ordonne qu’on la cueille régulièrement; une fois la récolte commencée, on repasse chaque jour dans le même champ. Je pense qu’on l’apprécie véritablement quand on se prive de l’offre d’asperges importées pour attendre le printemps et en faire une fête. Claude Villeneuve, l’écologiste, me confiait lors de la rédaction de Goût du monde ou saveurs locales?: «À manger des asperges à l’année, on perd le goût du printemps». Il n’a pas tort. Avant elles, dans le potager,  on peut cueillir quelques fines herbes et des verdures parmi ce qui a survécu à l’hiver mais ce sont les turions d’asperges qui, avec la pêche aux crustacés, donnent le véritable signal de départ de «la belle saison».

Plus loin, vous trouverez quelques idées pour changer des asperges grillées. Lire la suite


Laisser un commentaire

Moment de joie chez les chèvres

IMG_6158 Ce petit périple débute en soirée, un vendredi. Un rapide coup d’oeil à Facebook permet de voir de nouvelles photos accompagnées d’une proposition. « Il y a une journée dans l’année, au printemps, où l’excitation est dans l’air. Que les chèvres sentent la fébrilité du fermier… » C’est une invitation à assister à la première sortie des chèvres au pâturage, à la ferme Cassis et Mélisse cassisetmelisse.com . Nous décidons d’être de la fête et d’y souligner un anniversaire par le premier pique-nique de l’année. La journée à Saint-Damien-de-Buckland aura des airs de vacances.

Depuis quelques mois déjà, Gary a repris la traite grâce aux mises bas et, immédiatement, Aagje a retrouvé le geste pour les fromages. Mais il fallait attendre la fin de l’hiver et le verdissement des pâturages pour sortir le troupeau laitier. Les clôtures sont installées, les comptoirs de la fromagerie bien garnis pour accueillir la visite, tout est prêt! IMG_6161 Vers midi, Gary, et son complice donnent le signal. Un devant, l’autre derrière le troupeau ils n’auront qu’a surveiller la joyeuse galopade jusqu’au pâturage. Lire la suite


1 commentaire

En espérant le retour de la morue

DSCN8729Il est curieux de se dire que les choses sont ainsi depuis des siècles. Que dès le moment où les Européens ont mis le pied sur les côtes de ce qu’on appelle aujourd’hui Terre-Neuve et Labrador s’est imposée cette idée d’effectuer une première transformation pour permettre l’approvisionnement des  marchés. Après tout, il fallait bien que la morue se conserve à partir du jour de pêche jusqu’à consommation.  Et c’est le sel, qui servait déjà à la conservation des aliments qui allait permettre le transport.  Un salage contrôlé, jumelé à un séchage au grand vent et au soleil, eux-aussi savamment étudiés. Sans doute maîtrisés après  plusieurs ratés. L’audace, la détermination et l’intelligence des humains allaient faire le reste.

Puis, les marchands sont venus et revenus pour mieux organiser le commerce. Du continent européen, des Îles Anglo-Normandes, ils se sont établis en Gaspésie avec leurs comptoirs de commerce. À terre et dans les barques, les pêcheurs ont peiné jour après jour pour nourrir leur famille. Ils ont  développé toutes sortes d’engins de capture. Palangre, ligne de cale, trappe, représentent  l’ingéniosité d’avant les excès de l’industrialisation, les pêches excessives, l’effondrement des stocks.

Il n’y a plus de morue. En tout cas plus assez pour faire vivre la tradition et remplir nos assiettes de poisson local mais, en Gaspésie, quelques irréductibles qui se comptent sur moins de doigts qu’en contient une seule main, perpétuent la technique de préparation de la morue salée-séchée, héritage des marchands  jersiais.  La Gaspé Cured s’en inspire gaspecured.com . Quand  je suis arrivée à Sainte-Thérèse-de-Gaspé, chez Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, une dizaine d’hommes s’affairaient à étaler la morue sur les vigneaux: ces installations artisanales faites de pieux d’environ un mètre  coupés dans des arbres de petit diamètre sur lesquels est fixé un treillis à grosses mailles. Et sur ce treillis, ils étendaient la morue ouverte en deux, taillée pour être bien plate de manière à sécher le plus également possible.DSCN9091 Lire la suite


1 commentaire

Chère Gaspésie

DSCN8786

J’aime la Gaspésie depuis toujours. Pour les vacances en famille quand on partait «vers l’est», en direction des Maritimes ou de la péninsule. Pour la famille de ma mère, originaire de Percé et son histoire qui puise une part de ses origines entre les Îles Anglo-Normandes. Pour ses paysages, son arrière-pays abrité et forestier et sa côte découpée. J’aime la Gaspésie pour les Gaspésiens. Je peste, de temps à autre, contre ses quelques terrains négligés, ses épiceries-dépanneurs, la baie de Gaspé qui pourrait être si belle si…mais j’y reste profondément attachée.

 

DSCN8627

J’y suis retournée. Du côté de la Baie-des-Chaleurs cette fois. Pour cinq jours «intenses» (si on exclut les 15 heures de déplacement, il en reste encore moins). Intense…vous me direz que ce mot est à la mode mais c’est celui qui convient le mieux. Cinq jours de cette intensité qui fait vivre chaque minute, les yeux et les oreilles grands ouverts. Lire la suite


Laisser un commentaire

De Sainte-Flavie à Buenos Aires, la pertinence des marchés fermiers

DSCN3906 Au cœur des villages et des petites villes comme dans celui des capitales et des grandes villes, je les visite. Et pas seulement ceux que l’on qualifie de touristiques mais aussi (et surtout) ces marchés de quartier, ces installations éphémères qui, quelques heures par semaine, se déploient dans un champ ou sur la rue pour permettre de faire des provisions. Il y en a partout. Et de plus en plus. J’ai visité le plus grand marché fermier des États-Unis, à Madison au Wisconsin. J’ai cherché et trouvé des agriculteurs en plein cœur de Washington, Dallas et Vancouver. J’ai questionné les vieux marchands européens, comme ces jeunes nord-américains qui se réapproprient le concept. J’y apprend une foule de choses sur les us et coutumes alimentaires, la relance de la production locale, le dynamisme des producteurs et l’engagement des mangeurs.

Récemment, on apprenait que Québec pense déménager son marché de producteurs dans un nouvel endroit «à animer». Le Marché du Vieux port qui, depuis 1640 vit au cœur même de Québec migrerait près du nouvel amphithéâtre. Les raisons évoquées pour justifier le déménagement sont nombreuses. La levée de boucliers immédiate chez les citoyens. Voici quelques pistes de réflexion autour de ce qui se passe ailleurs…

DSCN5701

La première règle pour l’implantation d’un marché? L’emplacement. Les trois premières? Lire la suite


2 commentaires

93 kilomètres de printemps

DSCN8447

La fin d’une longue journée de reportages, faite de plusieurs arrêts en Mauricie, de rencontres enrichissantes, de ces  paysages qui évoluent de l’hiver à l’été. L’eau dans les champs, les tiges de maïs coupées depuis  la fin de l’automne,  la lumière éclatante, les glaces sur le fleuve. Après le dernier entretien, je décide de rentrer par la 138, «Le Chemin du Roy». Sur une centaine de kilomètres, le  soleil descend petit à petit en éclairant les champs à l’oblique. Je rejoindrai l’autoroute à Grondines, quand il fera gris.

DSCN8444

Je vois autrement le fleuve, les bernaches, les premières oies des neiges, j’aborde un homme qui entraîne un petit cheval noir à la longe. Il insiste  pour que j’entre dans son écurie pour voir son «beau cheval beige» et va même me remercier de m’être arrêtée pour lui parler. Lui chez qui plus personne ne se pose, même ses proches qui passent tous les jours, ce qu’il me confiera avant que je remonte dans la voiture. Plus loin, une motoneige surprise par le dégel et abandonnée en plein champ.

DSCN8459

J’avance, regarde, fais marche arrière, arrête, retourne, repars… je tente de ne pas alerter les oiseaux. Les carouges ont recommencé à chanter, les volées de bruants créent des stries éclatantes dans le bleu du ciel. Je plonge dans le printemps.

Voici quelques images qui  racontent ce «petit périple».DSCN8465


Laisser un commentaire

La rhubarbe forcée, une primeur sur les marchés anglais.

DSCN7835Ils ne seraient que quelques-uns à en produire sur un territoire d’un peu plus de 20km carrés. Moins nombreux qu’avant, ces Britanniques perpétuent une tradition. Celle de forcer la rhubarbe pour éviter l’épanouissement du feuillage et faire en sorte de concentrer toute la saveur dans les tiges qui, à l’abri de la lumière, prennent cette couleur rosée; à la fois douce et éclatante.

L’histoire veut que cette façon de cultiver et de vendre la rhubarbe ait permis à toute une région d’arriver sur les marchés bien avant tout le monde. Avec une primeur!  Ce qui signifie, depuis Louis XIV, un prix et un attrait nettement meilleurs pour l’agriculteur.  Déposer sur une table un légume ou un fruit «hors saison» lui donne beaucoup de valeur. De plus, grâce aux techniques de forçage et de culture, la saveur n’est pas négligée. Lire la suite


Laisser un commentaire

Odile Dumais renouvelle le plaisir de bien manger en plein air

livre OdileOdile est passée en coup de vent chez moi il y a quelques jours pour me laisser une copie de la réédition de son livre «La gastronomie en plein air», publié  chez Québec Amérique. J’y retrouve quelques-unes des recettes que nous avons tant reproduites en randonnée et à la maison, que nos enfants connaissent (la soupe du pèlerin est devenue «la soupe de lentilles à Odile») et ces nouveautés qu’elle nous a permis de goûter et de commenter avant de finaliser ses recettes.
Je ne répéterai pas tout le bien que je pense d’Odile Dumais, elle m’a demandé de préfacer son livre. Je vous invite donc à y jeter un coup d’œil et à aller beaucoup plus loin que la préface. Égale à elle-même, elle est précise dans ses indications, chaleureuse dans ses introductions et généreuse tout au long des pages.
Un livre qui ne fait pas que donner de l’appétit! Il donne envie de repartir en randonnée.
mushuau-nipi 07 (92)