petits périples

Hélène Raymond


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Au jour le jour, goûter le Trastevere

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« De l’autre côté du Tibre», c’est littéralement ce que veut dire Trastevere. Pour y arriver, il faut enjamber le fleuve en choisissant « son pont». De part et d’autre du pont Garibaldi, les ponts Sisto et Cestio. Le premier, réservé aux piétons. Pour parcourir le quartier, on marche de la Cité du Vatican jusqu’à l’Isola Tiberina et du fleuve jusqu’à la colline du Janicule. Là, sous les grands arbres, plusieurs vont se protéger de la chaleur. Et louer un appartement dans le Trastevere permet d’aller facilement partout.

Pour les touristes, qui se font tout de même moins « présents » qu’autour des grands monuments,  certains restos adaptent leur menu. Des marchands ambulants surgissent, matin et soir, pour monter leurs présentoirs de foulards et d’objets divers sur des boîtes de carton récupérées. Autour des fontaines et sur les places, on se presse pour entendre la musique. Dans le Trastevere, on trouve encore bon nombre d’échoppes de quartier. Pour qui veut s’incruster quelques jours, la vie en appartement offre ses avantages : on s’approprie un nouvel espace, on réduit les coûts du voyage en mangeant chez soi, on fait plus facilement le plein de légumes et de fruits frais et on a la chance de découvrir les marchands et de (peut-être) mieux choisir ses restaurants. Voici quelques pistes, pour qui voudrait revenir flâner par ici.

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D’abord, on réduit, si ce n’est déjà fait, sa consommation de viande et on mange comme les Romains! De plus, les appartements en location n’offrent pas toujours de four et d’installation de ventilation qui facilitent la cuisson comme l’aération. Même chose pour le poisson. On remplit le frigo au jour le jour…et on boit l’eau du robinet. En ballade, on remplit sa bouteille avec l’eau des fontaines. L’eau de Rome est bonne à boire et disponible partout.

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Avant de partir faire ses courses, on jette un coup d’œil dans les armoires; pour voir ce que nos prédécesseurs ont laissé. Pour les provisions de base, on cherche l’épicerie. Ici, on en trouve un peu partout mais leurs enseignes, discrètes, font qu’on peut passer devant sans les voir. Vive la réglementation sur l’affichage qui évite, dans certaines villes, de transformer les quartiers en galeries marchandes à ciel ouvert. CONAD, COOP et quelques autres chaînes italiennes et européennes sont présentes et ne vous fiez pas à ce que vous voyez en regardant par la porte ! Certaines occupent beaucoup d’espace et n’ont rien de l’aménagement linéaire auquel on est habitué. Oubliez les grandes surfaces. Le cœur des villes abrite aussi une multitude de petits commerces, grands comme la moitié de nos dépanneurs, eux aussi ouverts quasiment tout le temps. S’ils offrent moins de choix que les épiceries, certains sont assez bien garnis. Mais ce qu’il faut ici, c’est repérer le commerce familial, la boutique. Là où vont ces Romains qui font du porte à porte pour s’approvisionner.

Antica Norcineria Iacozzilli, Via Natale Grande 15/16

Une boucherie où trouver viande, charcuteries, mozzarella di buffala et une populaire porchetta. Le porcelet farci trône, le groin en vitrine, en attendant d’être découpé tranche par tranche. Le vendredi, la baccala (morue) patiente dans son bain d’eau froide pour dessaler et les ceci (pois chiche), dans leur bac de plastique. Aucun lien entre les deux; on mange l’un ou l’autre en souvenir des vendredis maigres. On se présente à la caisse à l’entrée avec son coupon de paiement et une fois l’achat réglé, on retourne prendre ses provisions. Un peu chaotique, mais sympathique!

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 Il Tortellino di Pezzin Massimo Via Luigi Santini 18/a

La boutique de pâtes aux murs jaune beurre voisine l’atelier de transformation. Tôt le matin, les commandes des clients s’empilent avant qu’ils passent pour les récupérer. Olives frites, ravioli à la ricotta et à la truffe, au radicchio et à la noisette; agnolotti et pâtes de toutes sortes se vendent au poids. Les apprêter est simple, la propriétaire vous fournit les instructions (en italien). Rien n’a changé depuis des décennies. Repos hebdomadaire? Le jeudi après-midi. On travaille sept jours par semaine.

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Biscottificio artigiano Innocenti, Via della luce 21

C’était appétissant il y a quatre ans, ce l’est toujours! Les autocollants des guides de découvertes gastronomiques s’accumulent dans la vitrine.  Décor immuable, l’odeur de cuisson du beurre et du sucre imprègnent le décor. Il faut goûter à la pâtisserie mais aussi aux biscuits salés nature, piment, romarin, d’une belle finesse et taillés en pièces irrégulières et dentelées. L’accueil est exceptionnel. Quand je réfléchis à ce qui manque au Québec en matière d’offre alimentaire artisanale, la biscuiterie me vient à l’esprit. Celle qui reprendrait les recettes anciennes, toutes simples. Dans des portions raisonnables.

*À Montréal, on fait un saut sur Dante à la Pasticceria Alati-Caserta.

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Mercato della piazza San Cosimato

Le marché du quartier : une dizaine d’étals de fruits et légumes avec, en bordure, quelques boutiques couvertes où on trouve poisson, viande et fromages. En octobre, les haricots fins sont extraordinaires; poires, raisins, pêches le sont tout autant. Les salades amères font leur apparition. On voit moins de tomates. Les signaux saisonniers sont bien présents. Et les marchands font goûter! En vantant leur produit. Alors? On achète! Et sur tous les marchés visités, des employés sont chargés d’apprêter les haricots, de nettoyer les salades, de couper les tiges trop raides des feuilles de roquette…le client manque de temps? Le marché s’adapte.

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Drogheria Fratelli  Innocenzi, Via Natale Grande, 31

La caverne d’Ali Baba; le souk. Les aliments du monde s’empilent du sol au plafond, haut de plusieurs mètres. Les commis, vêtus de sarreaux beiges savent où trouver. Produits italiens sélectionnés; maté, thé, café; miels, bonbons. On a demandé le « zucchero di acero » le sirop d’érable, ils en avaient. Quelques bouteilles de CAMP, mis en marché par Citadelle. Mais on se demande qui achète ce sirop d’érable à Rome. Les Italiens qui fréquentent le Québec en ont généralement dans leur garde-manger. Et dans cette multitude de produits aux étiquettes plus jolies les unes que les autres, qui pourrait être tenté de goûter? Mystère…

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Panetteria Romana, Via della Lungharetta 28/31

À la fois cantine et boulangerie, on s’y arrête pour le café, la collation ou les provisions. Pour le pain du matin, on oublie ses repères si on ne consomme à la maison que des pains de céréales entières. Ici, les goûts diffèrent. On trouve d’excellents pains de maïs, de seigle, des biscottes et quelques pains de farines intégrales. Le blé diffère, la panification tout autant.

Ai Marmi pizzeria

Le ballet des pizzaioli dans une pizzéria populaire et courue! Dedans, dehors, on se succède aux tables. Choisissez la vôtre à l’intérieur avec vue sur le four, la caisse et prenez le temps d’observer…les pizzas s’enchainent à un rythme d’enfer. On attend le nombre suffisant de commandes en façonnant la pâte puis, c’est parti. Pizza tomate, blanche attendent les garnitures. Fiori de zucchini, porcini, melanzane…Une fois complétées, elles s’en vont dans le four à bois, alimenté tout au long de la soirée pour qu’il garde sa température à plus de 700 degrés et vous arrivent brûlantes et savoureuses. À la caisse, le propriétaire/gérant? observe tout du coin de l’œil en poinçonnant les demandes de chacun des serveurs qui lui crient au moment de commander comme au moment de servir. La mécanique est fascinante. C’est un travail à la chaîne rodé, efficace. Rythme et volume génèrent le profit.

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Derniers conseils

Dans ses bagages, on glisse un bon couteau d’office; le moulin à poivre de camping (bien rempli); quelques torchons à abandonner sur place (il en manque toujours et on a autre chose à faire que d’en chercher); des bougies pour atténuer les éclairages ambiants, souvent très crus. On va au marché tôt le matin pour les fruits et légumes et on complète en fin de journée. Il faut toujours se rappeler que ces commerces ferment en mi-journée, souvent pendant trois heures. Ce qui fait tout de même 9 ou dix heures de boulot pour les marchands! On goûte les légumes et les fruits de saison, on se laisse conseiller et on découvre.

Allez-y maintenant de vos suggestions si vous voulez bonifier le carnet du quartier.

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Un Festin dans les champs des Grondines

 

La soirée offrait tout ce qu’on espère de l’été : un beau mélange de calme et de douceur. Dans l’air, la lumière et les sons.

L’invitation promettait un Festin dans le champ. À la Fromagerie des Grondines, dans Portneuf. Comme dans toute fête champêtre digne de ce nom, on stationnait… dans le champ et on n’avait qu’à traverser le rang pour accéder au site. Sous le préau, on trouvait une cuisine montée pour la circonstance. Frigos, poêles, eau « courante », tout avait été patenté, comme on sait si bien le faire. Quatre chefs de la région se retrouvaient, heureux et peut-être un peu nerveux. Il fallait tout de même nourrir cent personnes et oublier ses  repères.

Sous le chapiteau : de grandes tables garnies d’hémérocalles, une petite estrade pour les musiciens de l’école Denis Arcand qui, pendant quatre heures ont joliment accompagné le repas. Clou du souper: ce moment où on a eu l’idée de remonter les toiles qui obstruaient la vue sur le paysage. Dans le champ, les vaches allaient et venaient, curieuses de savoir ce qui se passait chez elles… Le Festin dans le champ venait de prendre tout son sens. Disséminés parmi les convives, les propriétaires de la ferme, de la fromagerie, familles et complices et juste à côté, les vaches de ce petit troupeau sans lesquelles il n’y aurait pas eu de fromage à manger et pas plus de Fromagerie des Grondines!

Dans les assiettes : des mets goûteux. Par exemple, le crostini d’Eschambault signé Rémi Drolet du restaurant Saint-Alfred ou cette assiette de canard en trois déclinaisons de Sébastien Rivard de l’Auberge Duchesnay. Puis, des plateaux des fromages affinés par Louis Arsenault ont été déposés sur les tables. En fin de repas, un dessert signé Julie Vachon

… Le soleil venait de se coucher, avec ses nuages ouatés, le ciel avait pris des airs des tableaux de Magritte avant de laisser la nuit s’installer. À la toute fin, on a posé  le  «Dôme surprise du Cap-Lauzon» sur les tables. En cuisine, on aurait dit de petites lunes de chocolat blanc. Des dômes qui laissaient s’écouler des fraises fraîches posées sur une gaufrette libérant des parfums de lime et de basilic… un pur régal!

Guylaine Rivard, Charles Trottier, Louis Arsenault ont été fidèles à leur réputation. Depuis dix ans, ils font rayonner la production laitière biologique, gardent le cap en produisant des fromages au lait cru, travaillent au développement de Portneuf, en complicité avec d’autres producteurs.  Et une autre fois, ils ont su exprimer toute la richesse de ce terroir.

 


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Un boulanger-paysan en Chaudière-Appalaches

Charles Létang a quitté Montréal pour la vie rurale. Avec sa compagne Émilie Vallières, ils ont opté pour Saint-Roch-des-Aulnaies. Ce très long village qui s’étire entre Saint-Jean-Port-Joli et  La Pocatière.

Une première présence lors de la Fête du pain de 2015 les a convaincus de venir s’installer «en région». Boulanger dans le Mile End, il rêvait de panifier des blés «anciens» et d’être ce lien entre la terre et la miche.  Il y a trouvé un terreau fertile avec, en prime, un moulin ancien, à meules de pierre, pour moudre les céréales en farines. Celui de la Seigneurie des Aulnaies.

C’est en février qu’ils ont enfourné les premiers pâtons. En plein coeur de l’hiver!  Alors que tout le monde leur disait que le village serait tétanisé dans le froid et que personne ne viendrait s’approvisionner, ils ont rouvert les portes d’une boulangerie qui, jusque là, avait garni ses tablettes de pains et pâtisseries inspirés de la tradition québécoise. Étonnée par ce lancement hivernal,  je lui fais remarquer que c’est un bien curieux mois pour se lancer en affaires. Il me répond: «Les gens sont formidables en région!  Les voisins sont cool!». Ils sont venus et revenus…d’abord pour les croissants: faits avec les farines locales et le beurre de Saint-Jean-Port-Joli. Un «croissant du terroir», précise le boulanger. Puis, ils ont découvert le pain. Et ils en ont parlé, sont revenus, ont envoyé des gens. Le bouche à oreille opère depuis.

Il m’explique qu’il vient tout juste d’enfourner des pâtes faites avec du blé Huron. Une variété ancienne qui, d’une récolte à l’autre,  serait resemée dans la région depuis soixante-dix ans, grâce à des agriculteurs persévérants. Lui qui utilise déjà le Red Fife et le Marquis, se réjouit d’ajouter une «nouvelle» variété à son catalogue. Il  mise sur la complicité qu’il établit avec des céréaliers du coin qui acceptent de voir diminuer les rendements au profit du maintien de la diversité. Celle des plantes comme celle des modes de production.

IMG_9406Le pain? Il a belle allure: les coups de lame sont francs sur le dessus de la miche. Sa croûte est bien caramélisée et l’épi de blé qui la garnit reproduit le logo de la boulangerie. La mie est belle et laisse s’exprimer l’odeur caractéristique du levain. La saveur, équilibrée. Il changera comme changent les jours, précise Charles Létang, manifestement heureux de jouer avec le blé, les céréales, les saisons et ce climat humide d’un fleuve aux humeurs capricieuses.

La boulangerie «Du pain…c’est tout!» est située dans un bâtiment patrimonial de la Seigneurie des Aulnaies. On y trouve quelques produits régionaux, du café digne de ce nom. Un artisan local a fabriqué les tables.  Prenez le temps de visiter le moulin pour entendre le vacarme des meules et le grondement de la rivière. Et surtout, goûtez!

 

Une nouvelle édition de la Fête du pain s’annonce, les neuf et dix septembre 2017!


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Deux jours de soleil, trois marchés californiens

La Californie, c’est le paradis, en apparence du moins. Une végétation perpétuelle, le soleil omniprésent, les villes côtières qui empruntent toujours un air de vacances, l’alimentation la plus verte. Et le revers de la médaille. Un trafic automobile perpétuel, l’itinérance omniprésente, les villes côtières qui reproduisent des décors de vacances, l’alimentation la plus transformée. Dans la navette qui nous ramène vers l’aéroport, un homme part visiter sa petite-fille à Boston. Il se plaint des prix, de la hausse des taxes sur l’essence, de ce qui lui en coûte pour immatriculer sa voiture, des amendes imposées à ceux qui ont transgressé les règles d’arrosage lors de la sécheresse des dernières années, des migrants illégaux…bien que…«certains sont corrects et entretiennent bien les parterres». Une fois le passager descendu de la navette, la jeune chauffeur ne décolère pas. Elle n’en peut plus de cette rengaine. L’argent, l’immigration, l’eau…La misère qui croît d’un côté, la richesse,  de l’autre. Deux mondes en parallèle…et des problèmes durables au cœur même de l’État qui a vu naître les grands mouvements de syndicalisation des travailleurs agricoles au XXe siècle.  Steinbeck et ses Raisins de la colère ne sont pas très loin.

Fidèle à mes habitudes, j’ai repris le chemin des marchés. Faute de temps, je n’ai pas pu pousser à l’intérieur des terres pour tenter de voir quelques fermes. On n’a pas de mal à imaginer les extrêmes là-aussi. Des petits qui tentent de s’arracher un revenu; les autres qui produisent des volumes pour répondre à la demande de cet état qui abrite la population du Canada et qui écoule une grande partie de sa production hors frontières, jusqu’ici. Une terre arable bénie des dieux. Une économie agricole qui repose sur tous ces travailleurs venus du sud. Au marché, à la vue de la caméra, quelques vendeurs se mettent en retrait. Ils se font discrets.

Samedi matin, à San Diego. Premier arrêt dans Little Italy, un quartier de bord de mer qui se gentrifie petit à petit. Les restaurants italiens se succèdent sur India Street. Antipasti, primi, secondi. Comme à l’italienne mais les portions, énormes, restreignent la dégustation. Plusieurs repartent avec une partie des lunchs de la semaine, dans un sac au nom du restaurant. L’habitude est ancrée.

Son marché du samedi attire beaucoup de monde. Une première section est réservée aux petits artisans bijoutiers, concepteurs de t-shirts et, de l’autre côté de la rue, on trouve les commerces alimentaires, à commencer par le café. Le premier arrêt pour plusieurs. Plus bas, un vendeur de crêpes, muni de sa plaque, des louche, spatule et tampon d’essuyage d’usage, il compose ses crêpes une à une. La mise en place est parfaite, le geste maîtrisé, le rythme soutenu.

Et partout, des jus et encore des jus : smoothies, «jus verts», kombucha, eau aux prétentions miraculeuses, un peu de bière.Toute la  variété des nuances des agrumes, beaux dans leurs imperfections (parce que les oranges ne sont pas toutes pareilles, on en vient à l’oublier!). Du  fromage? Juste un peu. Des saucissons, des poissons (une bonne idée pour nos marchés du bord du fleuve non?), des éleveurs qui proposent leurs viandes, des marchands de gâteries pour chiens dont celui-ci qui achète à son voisin d’étal têtes, pattes et trachées pour les revendre, une fois séchées.

Des fleurs à vous donner envie de tenter de nouveau la culture des pois de senteur…ou d’essayer celle des gerberas? ou? ou?… La productrice, présente sur place, explique vendre toute l’année  et ne pas craindre pour l’irrigation. La nouvelle usine qui dessale l’eau de mer est en opération, à Carlsbad, un peu plus au nord. Là-bas, il fait si chaud l’été qu’il faut chauler vitres des serres et créer l’ombre, pour éviter de brûler les fleurs.

Un peu plus tard, au petit marché installé près du Centre communautaire de Del Mar, une femme expose ses orchidées. Elle raconte en avoir, en permanence, 100 000 dans ses serres. « Une toute petite production », me dit-elle. Pas  assez pour les grands joueurs mais suffisamment pour la vente en gros et pour assurer une présence sur quelques marchés où la clientèle passe acheter et donner des nouvelles des plantes déjà acquises. Autour, le boulanger, Européen, des kiosques de fruits et de légumes, rien d’étonnant. On vient faire quelques provisions.

Le lendemain matin, rendez-vous à Rancho Santa Fe. Le concept est différent. Ses initiateurs disent avoir observé que là où on vit vieux, il y a plus que l’alimentation qui compte. Le fait de se rassembler contribue grandement à la qualité de vie. Les places publiques où s’asseoir pour refaire le monde, les tables communes, les rendez-vous de quartiers jouent un rôle. C’est ce qu’ils ont voulu reproduire au sud de la Californie, dans une petite communauté où on vit dans des quartiers verrouillés et surveillés, dans des maisons dont les façades sont invisibles de la rue on a créé ce rendez-vous pour faire connaissance avec ses voisins. 

Le dimanche, des centaines de personnes s’agglutinent au cœur du marché. Les kiosques des agriculteurs sont situés dans les bouts des allées. On offre un atelier de poterie, musique, fleurs, ambiances odeurs, on se regroupe autour des tables, dans un roulement constant. Les pommes de terre dorent, arrosées avec le gras qui coule des poulets qui cuisent sur les broches du camion-rôtisserie, la paella géante embaume le pimenton, tamales, tortillas, pain plat parfumé au za’atar attendent les clients.

Tisser des liens et aider à construire des communautés, c’est aussi une des missions des marchés fermiers. Même là où la présence des fermiers est plutôt discrète. Et, à bien y penser, peut-être a-t-on moins besoin de verdure et de fraîcheur lorsqu’elles sont disponibles tout le temps? Après tout, la Californie est un des grands potagers de la planète et les marchés s’y sont multipliés ces dernières années. À chacun de trouver sa vocation…celui de Rancho Santa Fe en a trouvé une qui le démarque.

 


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L’exotisme malgache à Sainte-Anne-des-Monts

  • img_6397Au bout de la rue, on entend la mer qui pousse doucement les vagues vers la grève. Les odeurs sont figées dans le froid hivernal. Lara Miarantsoa ouvre sa porte. La maison sent bon les épices et le riz parfumé. Son sourire me réchauffe; on est à l’aise, instantanément.

Lara et sa famille sont arrivés au Québec en 1998. Ils ont vécu à Charlesbourg, près de Québec,  avant de s’établir en Haute Gaspésie où son mari poursuit  son travail de biologiste. Un jour, elle s’est demandé ce qu’elle pouvait faire pour aider sa famille à Madagascar. C’est alors qu’elle a pensé miser sur ces produits qui n’existent nulle part ailleurs. Un poivre sauvage, un poivre rose aux parfums fruités, des clous de girofle à l’odeur hyper concentrée. D’autres épices.

img_7549Ses frères et soeurs, restés là-bas, ont établi des liens de confiance avec des producteurs; son frère cueille en nature, un intermédiaire lui fournit les gousses de vanille. Une fois l’an, elle se rend à Montréal pour récupérer l’envoi. Tout arrive  ensaché sous-vide. C’est elle qui se charge du dédouanement, après avoir suivi une formation. Elle est devenue marchande d’épices.

Quand elle rentre de son périple montréalais, elle met ses trésors en pots, en sachets, en tubes. De temps à autre, elle va broyer ses épices à l’Atelier culinaire de Yannick Ouellet, trois rues plus loin. Elle pulvérise la vanille pour en faire une poudre concentrée. Ce qui, je crois, est assez unique ici (mais pas en Europe pour en avoir déjà acheté).

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Les épices de Lara sont offertes en Gaspésie, dans la Beauce, à Québec. L’essence de vanille et les épices  transformées portent le logo de Gaspésie Gourmande. Quand l’hiver sera derrière, elle prendra la route pour présenter elle-même les parfums malgaches aux Gaspésiens et elle ira peut-être jusqu’à Québec.

Nous avons parlé quelques minutes. J’ai refermé sa porte en me disant que Sainte-Anne-des-Monts m’avait une autre fois étonnée et je suis allée faire provision d’épices. http://Lesepicesdelara.liki.com

 


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Bologne la Rouge

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«La Rossa», c’est le surnom donné à Bologne, la capitale de l’Émilie-Romagne, une province du nord-est de l’Italie. Une ville dont on parle peu. Sinon pour glisser, de temps à autre, qu’on y mange mieux qu’ailleurs.

Florence et Venise, tout près, lui volent la vedette.  Pourtant… On y marche à l’abri de la pluie, sous des kilomètres d’arcades; 80 000 étudiants fréquentent ses universités, dont une des plus vieilles d’Europe, sinon la plus vieille. Ce qui lui donne un bel air de jeunesse.

Le cœur de la ville bat, depuis le Moyen-Âge, autour d’une place chargée d’histoire. Et il garde son rythme! Piazza Maggiore est fréquentée, on vient y manger, flâner, faire la fête.  Neptune, le dieu des mers, y est pour l’instant prisonnier d’un échafaudage et reçoit toutes les attentions de l’équipe de curateurs qui ont pour mission d’effectuer un nettoyage en règle de la statue et de sa fontaine.  Intra muros, le MAMbo, le musée d’art moderne attire de grandes expositions.  Bologne se laisse découvrir et goûter; nourrit le corps, le cœur, l’esprit.

Pourquoi «la Rouge»? Pour ses toits de tuile qui s’étendent très loin sous le regard dès que vous avez l’occasion de grimper pour surplomber la ville. Aussi pour son passé communiste, son ancrage «à gauche», pour ces attentats qui laissent des cicatrices. L’horloge de la gare à jamais arrêtée à 10 heures 25 témoigne encore de la violence de l’attaque survenue en août 1980.

On l’appelle aussi «Bologne la Grasse». Sa cuisine traditionnelle, roborative, trône toujours alors que la scène alimentaire se transforme, grâce à de nouveaux artisans. Le grand courant pour la fabrication de bière artisanale marque aussi l’Italie, et Bologne.

img_6570Voici quelques pistes gourmandes si, un jour, vous y mettez les pieds.

Puisqu’il faut commencer quelque part: le pain de Forno Brisa. Dans une boulangerie qui fait une large part aux farines complètes,  on remet les pains d’hier à l’honneur. Céréales entières, levains naturels, croûtes craquantes. Pasquale Polito, formé à l’Université des sciences gastronomiques de San Pollenzo,  élabore pains et bières et contribue à la remise en culture des blés anciens dans plusieurs régions italiennes.

La boutique est magnifique; le pain offert à la découpe est éclairé. L’accueil est chaleureux et les pizzas colorées et appétissantes.

http://www.fornobrisa.it/

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Bologne, ce sont les tagliatelles, la sauce ragù, la mortadelle.

Via Peschiere Vecchie 3/A, là où se succédaient les vendeurs de fruits, légumes, viandes et poissons, les boutiques ont remplacé les étals. img_62552La criée des marchands cède la place aux échanges entre promeneurs. La Baita offre une superbe sélection de fromages italiens et tout  ce qu’on attend d’une boutique gourmande fière de ses fournisseurs. En voyage, on s’arrête pour les plateaux chargés. Fromages, mortadelle, saucissons et tigelles, cuites à mesure. Ce petit pain (una piccola focaccina) cuit, une fois refermé  dans son moule de type gaufrier. On vous les sert chaud. Sur les tables en bord de rue, un verre de Spritz à la main, un peu coincé entre le défilé touristique et les Bolognais qui cassent la croûte avant le spectacle, le temps s’arrête.

img_6549Pour la sauce ragù? Vous aurez l’embarras du choix mais l’arrêt chez l’Osteria Dell’Orsa vaut le coup.  Dedans, dehors le long d’une autre rue étroite où vous observez votre serveur traverser avec les plats remplis…puis vides,  on boit et mange bien, sans qu’on nous presse même si des dizaines de personnes attendent à la porte. http://www.osteriadellorsa.com/

Les glaces? Elles sont partout. On trouve à Bologne les comptoirs classiques et ceux où on «revisite» les saveurs:  caramel à la fleur de sel, dulce de leche etc. Carpigiani, en périphérie de la ville, est à la fois musée et école de fabrication pour qui entend devenir gelataio.

img_62581Eataly, c’est le concept élaboré par Oscar Farinetti qui propose l’Italie en pots, en bouteilles comme  en sacs dans les grandes villes du monde. Farinetti met en vedette les artisans italiens. Son épicerie-vitrine célèbre les terroirs et fait une belle place aux produits identifiés au logo de Slow Food. Eataly serait la version  gourmande des ambassades italiennes. Le premier point de vente, ouvert il y a dix ans en 2007 à Turin s’est multiplié. On trouve aujourd’hui 13 établissements en Italie, une poignée en Amérique du Nord et d’autres en Asie, en Amérique du Sud et à Monaco. Un marché qui semble donner du souffle à des milliers de petits producteurs qui, ensemble, font de l’Italie une référence en matière de qualité et de diversité alimentaire.

Le concept du magasin bolognais surprend. Dehors près de la terrasse sont annoncés les spéciaux de la semaine. Au rez-de-chaussée on trouve une librairie générale. Aux deux autres étages, un mélange de livres, d’épicerie et quelques tables où commander un plat. Une section de jeux. Une salle à manger où les cuisiniers élaborent des plats pour mettre en vedette les produits du magasin. On jurerait qu’il y a plus de gens pour vous servir à manger que pour vous recommander un livre. Curieux «mégastore» où se mêlent des nourritures de toutes sortes.

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Bologne c’est la découverte, les calories en sus et l’envie toute naturelle de les brûler en marchant. Bologne, c’est l’enthousiasme et le dynamisme d’une ville universitaire et une cité ancienne qui porte le poids de son histoire. C’est aussi le temps qui s’arrête sur toutes ces  petites places sur lesquelles les voisins se retrouvent en fin de journée. Une ville qui ne semble pas retenir l’attention des touristes «de masse», où il fait bon se poser pour vivre, tout simplement!

 

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2016 en images

Que 2017 vous comble. De toutes les manières.

Pour marquer le passage, quelques photos, parmi les milliers prises tout au long de l’année qui s’achève. Le pain, le jardin, les découvertes y sont omniprésents. Pour mes lecteurs à l’étranger, les images reflètent, en partie, les quatre saisons du Québec. Cet hiver de neige qui nous fait chauffer fours et fournaises; ce printemps explosif qui fait couler les érables à sucre pour produire notre sirop  national et qui marque le redémarrage du travail dans les potagers et les champs. L’été, lui, pousse les températures à d’autres extrêmes pour nous donner ces légumes qui raffolent de la chaleur: tomates, poivrons, aubergines, pour ne nommer que ceux-là.  L’automne se colore de teintes de rouge et d’orangé,  dans le feuillage comme dans les champs de citrouille et de fleurs de tournesol.

Janvier

Un instantané de quelques grains, avant de commencer une panification. Faire du pain libère l’esprit,  rythme la vie de la maison, éveille l’odorat, stimule le regard. Le pétrir est sensuel et au sortir du four, il chante! Reste à se régaler…

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img_1526Février

Un citron Meyer. Facile à cultiver, amusant surtout. En plein hiver, ce sont autant de petits soleils accrochés au plant de mon bureau. C’est aussi le temps de la marmelade.

 

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Mars

Les fêtes des semences sont commencées et avec elles, le retour du jardinage, des récoltes et de la transformation des légumes…

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Avril

Une bière sur la terrasse de la microbrasserie Tête d’allumette à Saint-André-de-Kamouraska. Au loin, la neige, le Saint-Laurent et ce soleil qui gagne de la force.

img_2825 Mai

Le «dépaillage» des plants de fraises, chez Demers, à Saint-Nicolas près de Québec. Le printemps s’est pointé.

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Juin

Dès les premiers jours du mois, le croquant des salades. Avec celles de la fin de l’été, ce sont les meilleures… nous tentons de récolter de plus en plus tôt.

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Juillet

Le bol de petits fruits cueillis le matin et quelques cerises Montmorency qui, dénoyautées une à une et plongées dans un sirop léger vont faire rougir l’hiver. img_5020

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Août

Tous les prétextes sont bons pour un pique-nique. Ici, au sommet du Mont Cadillac, dans l’état du Maine. Sur l’image, des tomates de variétés anciennes achetées dans un marché fermier local, le sel des Pèlerins (du Kamouraska) et la salsa de la Mine de Ketchup, un projet d’économie sociale de Saint-Antoine-de-Padoue, en Gaspésie.

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img_4776 Septembre

Chaque matin (ou presque), une courte visite au potager  permet de remplir le panier. Nous cultivons, sur  une petite surface, la plus grande variété possible.

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Octobre

Une montagne de champignons à déshydrater. Un cadeau! On dirait de la dentelle…

img_6682Novembre

Giardiniera (légumes croquants à l’italienne), avec les derniers légumes de l’automne trouvés au marché et quelques poivrons d’une serre des environs. Recette puisée dans le livre Preserving Italy de Domenica Marchetti. Une des belles parutions de 2016.

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Décembre

Nos piments ont séché tout l’automne jusqu’à devenir craquants et assez fins pour laisser passer la lumière. Broyés, je les mêle au sel de Maldon. Le jardin se prolonge dans plusieurs plats, toute l’année.

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Et ça repart bientôt…avec les pique-niques d’hiver, le cycle des conserves, les projets, les plans, les plants, le quotidien coloré et assaisonné par la nature environnante. Bonne année 2017!


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Vinsanto, le Val d’Orcia en verre, sans Sangiovese.

 

imageUne découverte de voyage. Un hasard de village. Nous avons choisi de vivre quelques jours à San Quirico, dans le val d’Orcia, en Toscane. Sienne n’est pas très loin, Rome à 200 kilomètres, le paysage est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Dans les vignes, on commence la récolte du Merlot et du Cabernet-Sauvignon, le Sangiovese n’a pas fini son mûrissement. C’est lui qui dicte ici le rythme de la vinification, le cépage qui donne le caractère des appellations toscanes.

Nous logeons chez les Piva, à l’agritourismo La Moiana. Ce qui qui nous attire au village au lendemain de notre arrivée, c’est le marché. Peu de surprises, ce sont des revendeurs. Les producteurs sont déjà rentrés dans leurs terres, en même temps que la plupart des touristes. En pénétrant à l’intérieur des murs,  une « cantina » pique notre curiosité. On décharge les raisins blancs sur le côté du bâtiment, en hissant les bacs de plastique à l’étage et l’égrappeuse mécanique ne sert pas. Au pays du Sangiovese, pourquoi des raisins blancs?

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Andrea, le propriétaire de l’Azienda Agricola Sempieri-Del Fa’ répond à quelques-unes de nos questions et nous invite à monter. Nous sommes témoins du premier jour du Vinsanto Orcia, qui ne coulera dans les verres qu’en 2021 et qui peut se conserver des décennies.

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Nous entrons sur la pointe des pieds. En silence, les ouvriers déposent les grappes sur les treillis.  Une à une, délicatement. Après, il leur faut passer chaque jour, pendant trois mois, pour retirer les raisins abimés et laisser les grappes au repos un autre mois. Au début 2017, il sera temps de presser le Trebbiano et de le mettre en barrique de châtaigner. Celles qui durent et durent… La plus ancienne, bientôt centenaire, et se trouvait dans cette exploitation, rachetée par le père d’Andrea en 1958. Il vient de prendre la relève. image
Le « vinsanto » débute sur la paille. Dans ces pièces aérées, où l’alternance des températures encore chaudes en journée et plus fraîches la nuit, les sucres se concentrent, les arômes de fruits se raffinent. Puis, selon les règles toscanes, il devra patienter quatre ans dans les barriques alignées au pourtour de la pièce. Quatre années d’anaérobie et l’interdiction formelle d’y mettre le nez. Quatre années au cours desquelles le vigneron se demande s’il est bon, sans pouvoir obtenir de réponse. Ses arômes tiennent à cet enfermement.
Le Vinsanto d’Orcia, c’est un pari sur le temps, une leçon d’histoire.  Ce sont des notes de fruits confits contenues dans un vin rare qui ne s’achète qu’à la propriété et qui n’est que peu distribué à l’extérieur de l’Italie. Un vrai souvenir de voyage. image


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Un marché jaune soleil

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Ce petit marché de la Nouvelle-Angleterre en  serait à sa 248e année d’existence.  Il aurait vu le jour sur une base permanente après une courte période au cours de laquelle les marchands ambulants ont écoulé bleuets, coquillages et homards aux portes des maisons.

Après pas mal d’errance, on le trouve aujourd’hui tout près du centre-ville de Portland. Le Portland de l’état du Maine. Cette ville  qui se taille une belle réputation gourmande depuis quelques années. Grâce à ses restaurants, ses bars, ses commerces alimentaires de toutes sortes.

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Les samedis d’été, on peut s’arrêter au parc Deering Oaks où, entre 7 et 13 heures, sont montés une trentaine d’étals; le temps qu’il faut pour écouler la récolte des maraîchers, cidriculteurs, éleveurs et fromagers du coin. Un autre rendez-vous est fixé le mercredi.

IMG_4951Ce «Farmers Market» a tout du petit marché américain «classique». Il est  bordé par quelques tables d’artisans, les résidents de la place font leurs courses en même temps qu’ils viennent aux nouvelles. Tout le monde semble se connaître. On y trouve pas mal de producteurs bio, des relents de l’époque «grano», rien ne presse.  Les chiens des clients comme ceux des vendeurs ne gênent personne.  C’est ce genre de petit marché qui permet de prendre le pouls de cette production agricole qui s’inscrit à la marge des grands courants et qui fait une belle place à la variété et à la diversité. Un petit marché qui, s’il ne mérite pas le voyage, vaut tout de même le détour quand on passe dans le coin.

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Curieusement, ce jour-là, il m’a semblé que tout était jaune…poivrons, courgettes, concombres, tomates, maïs etc. Je me suis donc concentrée sur cette couleur…à moins que, 4 heures après l’ouverture, ne restaient que les légumes jaunes? Il faudrait étudier la question. En attendant, voici quelques images de ce samedi «jaune soleil».

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Icebergs et potagers

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Bonavista, c’est une péninsule terre-neuvienne. Une des multiples côtes hachurées, découpées qui, si on les déroulait sur un fil, totaliseraient 29 000 kilomètres. Terre-Neuve, ce sont des caps, des anses, des baies, des paysages magnifiques.  C’est aussi la roche dure, les krummholz, ces arbres  fouettés par le vent jusqu’à ne plus  jamais se redresser et, de temps à autre, surprise!  un potager.     IMG_4181  IMG_4251

Pour récolter un peu de verdure par là-bas, il  faut faire preuve d’une infinie patience. D’abord  pour «faire de la terre», pour  avoir suffisamment de compost et enfin, il faut espérer l’été qui vient plus tard qu’ailleurs. Début juillet, sauf exception, on voit davantage les étiquettes identifiant les rangs que les plantes!  Il n’y a pas que la mer qui ait nourri Terre-Neuve. Les familles de pêcheurs cultivaient leurs légumes, parce qu’il fallait se nourrir mais aussi parce que la terre fournissait une bonne dose d’autonomie, face à la voracité des marchands de poisson.

Les anciens récoltaient racines, choux et pommes de terre. Ce que plusieurs font encore. Mais  les jardiniers plus audacieux (ou plus gourmands) ont largement étendu les cultures aux salades, épinards, crucifères (comme les moutardes). Et les plus chanceux mettent à l’abri, dans une serre, tomates, concombres, poivrons; tous ces légumes qui préfèrent la chaleur. Lire la suite