
Bonavista, c’est une péninsule terre-neuvienne. Une des multiples côtes hachurées, découpées qui, si on les déroulait sur un fil, totaliseraient 29 000 kilomètres. Terre-Neuve, ce sont des caps, des anses, des baies, des paysages magnifiques. C’est aussi la roche dure, les krummholz, ces arbres fouettés par le vent jusqu’à ne plus jamais se redresser et, de temps à autre, surprise! un potager.

Pour récolter un peu de verdure par là-bas, il faut faire preuve d’une infinie patience. D’abord pour «faire de la terre», pour avoir suffisamment de compost et enfin, il faut espérer l’été qui vient plus tard qu’ailleurs. Début juillet, sauf exception, on voit davantage les étiquettes identifiant les rangs que les plantes! Il n’y a pas que la mer qui ait nourri Terre-Neuve. Les familles de pêcheurs cultivaient leurs légumes, parce qu’il fallait se nourrir mais aussi parce que la terre fournissait une bonne dose d’autonomie, face à la voracité des marchands de poisson.
Les anciens récoltaient racines, choux et pommes de terre. Ce que plusieurs font encore. Mais les jardiniers plus audacieux (ou plus gourmands) ont largement étendu les cultures aux salades, épinards, crucifères (comme les moutardes). Et les plus chanceux mettent à l’abri, dans une serre, tomates, concombres, poivrons; tous ces légumes qui préfèrent la chaleur. Lire la suite







Je me rappelle de la découverte. Cette boutique magnifique, un peu en retrait de Borough Market. Ça fera quatre ans, presque jour pour jour. Un samedi d’avril qui sentait le printemps.
«L’ansillon*, c’est l’aboutissement du dernier voyage accompli par l’anguille qui nage maintenant parmi les herbes salées, l’oignon, l’ail, l’huile et la tomate. Dans un pays où l’anguille abonde, il est normal qu’après trois siècles, elle soit demeurée l’un des poissons les plus populaires»


Ce marché, que je vous propose de visiter, je l’ai en quelque sorte mérité. Parce qu’il a fallu le chercher pour le dénicher en Cappadoce. Istanbul nous a donné des étalages éclatants dans Kadikoy, un quartier situé du côté de l’Asie. Dans une rue étroite et fort achalandée, on trouvait quelques revendeurs. Les fruits et légumes étaient frais; c’est là que j’ai aperçu les bouquets de salicorne qu’on mange beaucoup en Turquie.
Il y aura toujours une solution de remplacement et, en prime, un aperçu du sacrifice du mouton. Le retard accumulé au fil des heures nous permettra aussi d’observer le coucher de soleil sur le Bosphore devant cet intense trafic maritime où cargos, paquebots, traversiers remplis de passagers, chaloupes et petites embarcations se croisent. À la tombée de la nuit, quand les dômes des mosquées vont s’illuminer les uns après les autres, que la lumière des bateaux va se mettre à danser sur le Bosphore et que des coins de la promenade sur les quais vont s’éclairer grâce aux lanternes de ceux qui font griller des maquereaux sur des poêles au charbon nous allons nous quitter, saluer ces « étrangers », réunis pendant une dizaine d’heures, unis par la même curiosité et une certaine de joie de vivre.