On apprend ce matin que le feu a détruit la boulangerie La Rémy à Baie-Saint-Paul la nuit dernière. La grande maison blanche, soigneusement restaurée où on achetait pains et farines n’est plus. Grâce à ce lieu magnifique, des passionnés ont donné à Charlevoix une de ses premières micro-boulangeries, remis en marche un moulin à farine datant du régime seigneurial et poussé des agriculteurs à remettre des parcelles de blé rustique et de céréales anciennes en culture.
Au tournant du millénaire, le projet patrimonial initié par Héritage Charlevoix, avait permis de remettre les bâtiments en état. L’été, par le petit sentier, on accédait au moulin adossé à la montagne, derrière la boulangerie.

Le moulin de la Rémy
Dans l’air de l’atelier, on percevait souvent cette poussière fine qui reste longtemps en suspens dans l’air. J’ai souvenir que les planchers craquaient un peu. Je me rappelle aussi de l’histoire de la construction du premier four: cette voûte qui emprisonne la chaleur et la diffuse si longtemps qu’elle permet plusieurs fournées et la cuisson des fèves au lard et de plats mijotés une fois que la température baisse, après la cuisson des pains.
Un jour, au Vermont, Gérard Rubaud, pionner de la renaissance boulangère locale, m’a raconté avoir reçu un coup de fil de quelqu’un de Charlevoix lui demandant de les aider à recréer une voûte parfaite, un four parfait où cuiraient des pains parfaits. Gérard avait construit son propre four, à Westford et la réputation de sa baguette s’était rendue jusqu’au Québec et on voulait s’en inspirer. La confrérie boulangère a fait le reste. Et on s’est mis à pétrir et à cuire pains, pizzas, viennoiseries d’une qualité exceptionnelle au bord du ruisseau La Rémy, pendant que les roues du grand moulin de pierre broyaient les céréales pour en faire des farines tout aussi exceptionnelles.
J’y suis passée tout récemment. Pour acheter de la farine et façonner mes pains. Le boulanger venait de terminer sa journée, les tablettes se vidaient doucement, l’atelier de travail retrouvait son calme. L’activité allait reprendre avec intensité, pour, je pense, une dixième saison. Aujourd’hui? Je croise les doigts pour que ça redémarre. Parce que si on trouve des boulangeries artisanales un peu partout, bien peu permettent de marier histoire et modernité avec autant de finesse.
10 avril 2016 à 13 h 24
J’ai déjà visité cet endroit et je pense y avoir pris des photos.Espérons qu’ils pourront reconstruire rapidement.
J’ai aussi dégusté plusieurs fois le pain de Gérard,un délice.
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10 avril 2016 à 10 h 42
Tristesse infinie pour ce lieu magique où moi et mon conjoint fesions des pélerinages pour s’approvisionner en belles grosses miches Météores. Où nous nous arrêtions en chemin pour une pizza en fesant route vers les Jardins des Quatres-Vents… En plus, de faire un arrêt chez les Dufour pour leurs merveilleux fromages. Souhaitons que ce joyau puisse renaìtre !
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