petits périples

Hélène Raymond

Saison de récolte en Cappadoce

3 commentaires

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DSCN0165Ce marché, que je vous propose de visiter, je l’ai en quelque sorte mérité. Parce qu’il a fallu le chercher pour le dénicher en Cappadoce. Istanbul nous a donné des étalages éclatants dans Kadikoy, un quartier situé du côté de l’Asie. Dans une rue étroite et fort achalandée, on trouvait quelques revendeurs. Les fruits et légumes étaient frais; c’est là que j’ai aperçu les bouquets de salicorne qu’on mange beaucoup en Turquie.

Mais pour trouver un « vrai marché », celui qu’on reconnaît partout parce qu’il regroupe des fermiers qui vendent directement leur récolte,  un marché qui reflète la récolte et le temps qu’il fait sur les champs, il a fallu demander et redemander. D’abord parce qu’on ne comprend pas pourquoi une touriste cherche à croiser des agriculteurs, encore moins ce qui la pousse à voir des étalages de légumes et de fruits! Un épicier m’a répondu qu’il en avait à vendre; l’hôtelier m’a emmenée  voir des fruits déshydratés, dont des papayes et des kiwis mais à force de parler, de questionner, j’ai trouvé. À une dizaine de kilomètres de Gorëme, dans le village d’Avanos, ce vendredi 2 octobre.

Le premier contact se fait par un premier marchand d’épices et de graines de toutes sortes. À côté de son étal, une boîte de carton remplie de sachets de semences permet d’engager une quasi conversation. Nous cherchons des tomates et des piments, délaissons un sachet de Marmande pour trouver quelques autres variétés. Puis, le bazar s’anime grâce à la voix des marchands d’accessoires de cuisine. D’immenses chaudrons de métal, à rebord plutôt bas,  sont vendus au poids. Ils servent à la cuisson de la pâte de tomates. Des contenants de plastique géants attendent les légumes marinés. Les bocaux de verre seront destinés aux conserves. Et moi qui croyais faire beaucoup de provisions!IMG_5863

J’entre sous la structure. Certains ont étalé leurs légumes sur des tables. Plus souvent, ils reposent par terre, sur des tapis, des bâches, dans les grands sacs de plastique qui ont servi à les transporter de la ferme au marché. Les femmes sont accroupies; autant celles qui vendent que celles qui achètent. Les mains trient rapidement et ce qui frappe, ce sont les quantités achetées. Nous sommes en automne; les champs se dégarnissent. On cueille rapidement les pêches, raisins, poires et la plupart des légumes. Les nuits fraîches ralentissent le mûrissement. En Cappadoce, il va neiger dans trois mois. Et la neige va s’accrocher en début d’année et couvrir ce paysage lunaire. Nous sommes à 1 200 mètres au-dessus du niveau de la mer.

DSCN0055Ici, radis et choux sont géants. Les haricots s’écossent à la maison ou se vendent une fois séchés et écossés. Les abricots ont séché au soleil après la récolte. Les pommes font leur apparition. Je peux identifier la plupart des légumes et la variété est franchement impressionnante. Plus d’un type d’aubergines, divers oignons, des laitues de plusieurs types, des radis roses,  rouges, noirs et des daïkons, IMG_5823 (2)des piments pour la pâte, des tomates miniatures, géantes, de type italien, encore pour la pâte et les sauces, des carottes, courgettes, courges et potirons et des piments à profusion! On voit ici des concombres à marinade, si difficiles à trouver chez nous parce que trop coûteux en main d’œuvre au moment de la cueillette.

 

Et l’ambiance de ce marché! Les rires, les cris de ceux qui veulent promouvoir leur récolte, les rencontres et embrassades. Toutes ces femmes, pantalons imprimés très amples et serrés aux chevilles et qui portent un foulard coloré sur la tête. Des regards directs, des sourires qui éclatent quand le contact se fait. Quelques enfants derrière (mais très peu), des hommes qui vendent eux aussi et d’autres assis derrière les étalages,  thé à la main. Ici encore, la campagne vient à la rencontre de la ville et ça semble plutôt joyeux comme rendez-vous.DSCN0137 (2)

Comment vivent-ils me demanderez-vous? Reçoivent-ils un prix décent pour leur récolte? Difficile à dire, je n’ai croisé personne qui puisse m’en parler (on ne parle ni français, ni anglais)  mais un article lu dans le Daily News turc du 22 septembre nous fournira quelques statistiques.

On compterait plus de 16 millions de travailleurs agricoles en Turquie; c’est un peu plus du cinquième de la population. Leur revenu annuel serait de 2 800 $ (US) per capita, soit le tiers de la moyenne nationale. Et la lire plonge en ce moment, ce qui provoque une hausse du prix des intrants : carburant, fertilisants, semences. Combinez un système de transmission des terres qui s’appuie sur le partage du sol entre les membres de la famille, vous avez, en surcroît, des terres morcelées sur lesquelles il devient difficile de tirer un revenu.

En parallèle, on consomme encore beaucoup d’aliments produits localement; la cuisine nationale ou régionale est très présente et les épiceries sont encore très souvent des commerces de quartier. La cuisine turque est encore turque, l’agriculture semble l’être aussi. Ce marché d’Avanos me semble en être une preuve.DSCN0144DSCN0128DSCN0152DSCN0146

 

 

 

3 avis sur « Saison de récolte en Cappadoce »

  1. un beau reportage Hélène ca donne envie de te voir continuer le voyage et de te lire

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  2. En fait Hélène en voyage j`aime cent fois mieux l`expérience que tu as vécue dans ce marché que de visiter une autre ruine ou tas de roches, à quelques exceptions près. 2 ou 3 colonnes à peine debout et la moitié d`un mur, j`en ai ras-le-bol, vive le monde.

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  3. Tu fais quelque chose sur le vin peut-être. ?

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