
Bonavista, c’est une péninsule terre-neuvienne. Une des multiples côtes hachurées, découpées qui, si on les déroulait sur un fil, totaliseraient 29 000 kilomètres. Terre-Neuve, ce sont des caps, des anses, des baies, des paysages magnifiques. C’est aussi la roche dure, les krummholz, ces arbres fouettés par le vent jusqu’à ne plus jamais se redresser et, de temps à autre, surprise! un potager.

Pour récolter un peu de verdure par là-bas, il faut faire preuve d’une infinie patience. D’abord pour «faire de la terre», pour avoir suffisamment de compost et enfin, il faut espérer l’été qui vient plus tard qu’ailleurs. Début juillet, sauf exception, on voit davantage les étiquettes identifiant les rangs que les plantes! Il n’y a pas que la mer qui ait nourri Terre-Neuve. Les familles de pêcheurs cultivaient leurs légumes, parce qu’il fallait se nourrir mais aussi parce que la terre fournissait une bonne dose d’autonomie, face à la voracité des marchands de poisson.
Les anciens récoltaient racines, choux et pommes de terre. Ce que plusieurs font encore. Mais les jardiniers plus audacieux (ou plus gourmands) ont largement étendu les cultures aux salades, épinards, crucifères (comme les moutardes). Et les plus chanceux mettent à l’abri, dans une serre, tomates, concombres, poivrons; tous ces légumes qui préfèrent la chaleur. Lire la suite




Je me rappelle de la découverte. Cette boutique magnifique, un peu en retrait de Borough Market. Ça fera quatre ans, presque jour pour jour. Un samedi d’avril qui sentait le printemps.


Il y aura toujours une solution de remplacement et, en prime, un aperçu du sacrifice du mouton. Le retard accumulé au fil des heures nous permettra aussi d’observer le coucher de soleil sur le Bosphore devant cet intense trafic maritime où cargos, paquebots, traversiers remplis de passagers, chaloupes et petites embarcations se croisent. À la tombée de la nuit, quand les dômes des mosquées vont s’illuminer les uns après les autres, que la lumière des bateaux va se mettre à danser sur le Bosphore et que des coins de la promenade sur les quais vont s’éclairer grâce aux lanternes de ceux qui font griller des maquereaux sur des poêles au charbon nous allons nous quitter, saluer ces « étrangers », réunis pendant une dizaine d’heures, unis par la même curiosité et une certaine de joie de vivre. 

Il est curieux de se dire que les choses sont ainsi depuis des siècles. Que dès le moment où les Européens ont mis le pied sur les côtes de ce qu’on appelle aujourd’hui Terre-Neuve et Labrador s’est imposée cette idée d’effectuer une première transformation pour permettre l’approvisionnement des marchés. Après tout, il fallait bien que la morue se conserve à partir du jour de pêche jusqu’à consommation. Et c’est le sel, qui servait déjà à la conservation des aliments qui allait permettre le transport. Un salage contrôlé, jumelé à un séchage au grand vent et au soleil, eux-aussi savamment étudiés. Sans doute maîtrisés après plusieurs ratés. L’audace, la détermination et l’intelligence des humains allaient faire le reste.

