petits périples

Hélène Raymond


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À la gaspésienne! Salé, séché, boucané

 

img_7702img_7635Le Musée de la Gaspésie prolonge l’exposition À la gaspésienne! Salé, séché, boucané.  Une visite à inscrire à l’horaire si la route vous mène jusque là!

On fait face, en entrant, à un écran géant sur lequel on présente une recette de quiaude:  des têtes de morue cuites avec lard, pommes de terre et sarriette. Parce que si tout est bon dans le cochon, rien ne se perd dans une morue! Yannick Ouellet qui reprend pour l’occasion son rôle de chef ne fait pas que décrire une recette traditionnelle, il parle en toute connaissance de cause en faisant mention de la recette de sa grand-mère. Après la visite de l’exposition, en rentrant à Québec par la Baie des Chaleurs, j’ai constaté qu’on trouve encore des têtes de morue dans les commerces. Celles qui apparaissent sur la photo se trouvaient dans le frigo de la poissonnerie Lelièvre, Lelièvre, Lemoignan, à Sainte-Thérèse de Gaspé.  Il s’agissait fort probablement de morue importée.

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Cette sympathique exposition montre l’ingéniosité, l’habile transformation de toutes les parties de la morue et de quelques autres poissons. Elle met de l’avant le menu consommé par les Gaspésiens, au quotidien; fait connaître l’alimentation de ces gens de mer et de terre. Gens de forêt aussi,  puisque le gibier occupait une bonne place dans les assiettes. Si les recettes manuscrites sur les grands tableaux noirs, les pièces de vaisselle, les vidéos présentent une époque révolue, certains plats mériteraient de revenir au menu de certains restaurants. Ou de réapparaître sur nos tables.

Félix Fournier, le responsable des expositions du musée a eu la bonne idée de numériser des livrets de recettes locales. Installé devant la tablette, vous pourrez vous inspirer.  En retenant que la réflexion actuelle sur le gaspillage est commencée depuis fort longtemps.

L’exposition se termine le 21 mai 2017.

http://museedelagaspesie.ca/

 

 


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2016 en images

Que 2017 vous comble. De toutes les manières.

Pour marquer le passage, quelques photos, parmi les milliers prises tout au long de l’année qui s’achève. Le pain, le jardin, les découvertes y sont omniprésents. Pour mes lecteurs à l’étranger, les images reflètent, en partie, les quatre saisons du Québec. Cet hiver de neige qui nous fait chauffer fours et fournaises; ce printemps explosif qui fait couler les érables à sucre pour produire notre sirop  national et qui marque le redémarrage du travail dans les potagers et les champs. L’été, lui, pousse les températures à d’autres extrêmes pour nous donner ces légumes qui raffolent de la chaleur: tomates, poivrons, aubergines, pour ne nommer que ceux-là.  L’automne se colore de teintes de rouge et d’orangé,  dans le feuillage comme dans les champs de citrouille et de fleurs de tournesol.

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Un instantané de quelques grains, avant de commencer une panification. Faire du pain libère l’esprit,  rythme la vie de la maison, éveille l’odorat, stimule le regard. Le pétrir est sensuel et au sortir du four, il chante! Reste à se régaler…

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img_1526Février Lire la suite


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Saveurs de vacances

IMG_4742Nous venons de renouer avec les plaisirs du camping. Les étés passés, drôlement chargés, nous en avaient privés. Quel bonheur! Qui nous a fait nous demander pourquoi s’en être privés aussi longtemps…Bien sûr, il faisait beau. Et chaud. De jour comme de nuit.

Mais au-delà du temps qu’il fait, il y a  ces repères à prendre rapidement; cette nature omniprésente; ce partage quasi intime avec des étrangers avec lesquels vous avez finalement beaucoup en commun. Des vacances quoi!

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Bogota – Medellin- Bogota

BOGOTA-MEDELLIN-BOGOTA

C’est une toute petite fenêtre d’un peu plus de dix jours sur une histoire immense, des climats variés et une cuisine qui s’est adaptée à toutes ces réalités géologiques, géographiques et climatiques. L’Atlantique; le Pacifique; le soleil de l’équateur, les nuits fraîches, voire glaciales; les estuaires de tous ces rios; le début de la cordillère des Andes et toutes les variations en altitude. Un métissage unique au monde : autochtones; descendants d’esclaves africains, d’espagnols, d’européens; yeux et peaux foncées…sourires à l’infini. Au moment de repartir, ce sera encore une fois avec le sentiment d’avoir ouvert une autre porte sur un coin du monde et ne pas avoir envie de la refermer. Malgré son passé tourmenté, ses violences et peut-être parce qu’on y sent, chez plusieurs,   cette envie très forte de vivre  autre chose.  Rares sont les  pays où on vous remercie d’être là. C’est le cas à Bogota et Medellin où nous nous sommes posés. Lire la suite


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Des Amériques et de Turquie

La plupart des aliments ont une histoire qui nous transporte ailleurs. Parce qu’ils ont eux-mêmes voyagé avant de parvenir dans nos assiettes. Même  les plantes sauvages des forêts gaspésiennes, abitibiennes, de bord de mer peuvent nous entraîner en Scandinavie et jusqu’en en Turquie, où on mange la salicorne en salade. Il n’est pas rare de la voir sur les marchés d’Istanbul et parmi les plats du meze . DSCN9675 (2)

Les échanges se sont amorcés depuis bien longtemps; les épices et les herbes ont soigné, relevé la saveur des plats et souvent facilité leur conservation. Les Basques ont enrobé leurs jambons dans les piments « Gorria »; un d’entre eux s’appelle aujourd’hui le piment d’Espelette. Certaines herbes, plus fortes en huiles essentielles, ont connu des usages thérapeutiques avant d’être considérées comme des plantes aromatiques. En fait, épices, herbes, fruits et légumes se sont doucement intégrés dans des cuisines à des milliers de kilomètres de leurs origines. Les tomates sont devenues saveur quasi universelle. Elles poussent partout mais ne goûtent pas la même chose parce que la façon de les cultiver et  de les apprêter change selon l’endroit.

Ce qui me dérange et que j’exprimais dans Goût du monde ou saveurs locales?, ce ne sont pas ces échanges, vieux comme le monde mais plutôt la standardisation et cette marchandisation des saveurs qui tend à uniformiser les plats. Turcs, Mexicains, Argentins, Anglais ont tous leurs recettes de légumes au vinaigre. Pourquoi devoir tous nous convertir au même ketchup?

Aujourd’hui, en rentrant de cette découverte marquante avec la Turquie, je veux vous raconter quelques légumes qui ont traversé les mers, des océans et les siècles et qui sont devenus des symboles culinaires grâce à l’usage qu’en ont fait les cuisiniers des sultans, aux  gestes des agriculteurs et des marchands et à ces millions de femmes qui ont su se les approprier . Des légumes qui ont survécu parce qu’on a su conserver leurs semences, observer et reproduire des croisements fortuits puis,  sciemment pensés. Ils ne sont pas uniformes; ni dans leurs variétés ni dans leurs usages. En voici 5 qui, avec la dinde qui a curieusement donné son nom anglais au pays, ont quitté les Amériques pour parfumer des plats apprêtés aux confins de l’Europe et de l’Asie.

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ENFIN! Les asperges!

IMG_6267 Elles se pointent, on ne peut mieux décrire. Une à une, elles vont percer le sol pour s’allonger vers la lumière. Et une à une, des mains patientes vont les trancher de la longueur désirée. Puis, elles seront triées, lavées, plongées dans l’eau glacée et regroupées pour la vente.

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C’est une  merveille de la nature qui supporte qu’on lui retire quelques tiges sans pour autant disparaître. Dans le sol, sa griffe contient suffisamment de réserves pour permettre un certain prélèvement. Elle ordonne qu’on la cueille régulièrement; une fois la récolte commencée, on repasse chaque jour dans le même champ. Je pense qu’on l’apprécie véritablement quand on se prive de l’offre d’asperges importées pour attendre le printemps et en faire une fête. Claude Villeneuve, l’écologiste, me confiait lors de la rédaction de Goût du monde ou saveurs locales?: «À manger des asperges à l’année, on perd le goût du printemps». Il n’a pas tort. Avant elles, dans le potager,  on peut cueillir quelques fines herbes et des verdures parmi ce qui a survécu à l’hiver mais ce sont les turions d’asperges qui, avec la pêche aux crustacés, donnent le véritable signal de départ de «la belle saison».

Plus loin, vous trouverez quelques idées pour changer des asperges grillées. Lire la suite


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Le vin d’orange ou préparer l’été, en plein cœur de l’hiver.

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18 février 2015.  Un merle gonfle son plumage dans le mélèze pleureur pour résister au vent.

Dans la chambre froide, un reste d’oranges de Séville, cette variété amère, remplie de pépins, dont on utilise l’écorce pour la fabrication des marmelades. La provision de cette confiture d’hiver est faite. J’ai fouillé dans quelques livres: Camilla Wynne (Les conserves selon Camilla),  Rachel Saunders (Blue Chair Jam Cookbook) et le tout récent Bitter, de Jennifer Mc Lagan. 3 excellents livres qui ont du caractère, un souffle. Comme leurs auteurs.  J’ai trouvé quelques recettes «classiques». Une au whisky, une autre au gin et une troisième, plus traditionnelle.

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Il reste pas mal d’oranges. Assez pour tenter autre chose…mais quoi? Je compare quelques recettes de vin d’orange dénichées sur le Web. 3 bouteilles de blanc, une de vodka et quelques gousses de vanille plus tard, les quartiers d’orange macèrent au frais, à l’obscurité. Il faudra 6 semaines. Le temps de laisser les fruits libérer leurs arômes dans l’alcool.

6 avril. Nous filtrons le liquide. Rien ne sera perdu. Les écorces, imbibées et odorantes seront coupées en allumettes pour une autre marmelade, improvisée celle-là. La pulpe des fruits ira au compost. Seuls les pépins finiront à la poubelle puisque trop difficiles à composter dans nos bacs de jardin.

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Le résultat? 5 bouteilles (environ 3 litres) de «vin d’orange» qui retournera  au frais, en attendant les beaux jours et la terrasse. Moins coloré que les amers italiens comme l’Apérol ou le Campari mais  avec des arômes d’orange très nets. L’amer est aussi présent. Juste ce qu’il faut. La vodka, plutôt neutre, s’est fondue dans les saveurs. Je l’imagine servi bien frais, sur glace ou «façon Spritz», avec un peu de vin blanc et d’eau pétillante ou seulement coupé avec de l’eau pétillante.

 

Dans le jardin, on commence à entrevoir de petites plaques de terre et bientôt, dès l’aube, le merle recommencera à appeler sa femelle.


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Des courgettes aux courges et citrouilles

DSCN0637L’été a été formidable pour les courgettes. Assez généreux pour en manger à plein. Même les fleurs ont été au menu à quelques reprises. Je les adore et j’envie les Italiens qui les trouvent au supermarché! Ou les Vermontois qui en trouvent «à la caisse», au marché de Burlington. Mais bon, si vos plants produisent bien, il suffit de cueillir les fleurs mâles; celles qui poussent au bout de la tige longue, de les farcir et de les cuire doucement. Un peu poivrée, une texture inusitée et ce jaune! Du soleil dans l’assiette.

Les salades de courgettes en ruban sont réapparues sur la table et reviendront encore. On n’a qu’à les trancher finement à la mandoline, dans le sens de la longueur et alors, la chair absorbe la marinade et donne des plats exquis. Lire la suite


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La nouvelle cuisine nordique de l’Islande

DSCN6073Après le Danemark (René Redzepi), la Suède (Magnus Nilsson), voici l’Islande et sa «nouvelle cuisine nordique», signée Gunnar Karl Gislason et Jody Eddy. Il est propriétaire de Dill, un restaurant de Reykjavik. Elle vit en Irlande et a signé quelques ouvrages culinaires.

La couverture sombre (j’ai laissé la jaquette pour la photo) ne laisse voir que des galets. On est loin des éclats des couleurs de la Méditerranée. Les photos de producteurs et de paysages nous emmènent ailleurs, dans ce pays qu’on imagine rude où, pour survivre, on a développé d’incroyables habiletés. La cuisine? Elle a quelques-uns de nos accents. Lire la suite


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Merci Michel Lambert!

Je quitte Montréal, le marché Bonsecours, la Place d’Armes, la Pointe à Callières et les récits de Michel Lambert. Chaque fois, le plus discret des défenseurs de la cuisine québécoise patrimoniale, m’impressionne par sa générosité et  ses connaissances. Et si vous croyez que patrimoine rime avec passé et époque révolu, détrompez-vous. Dans son esprit, à la manière de ce qui a réanimé les variétés anciennes de tomates, de semences de toutes sortes, il faut redécouvrir les plats qui nous ont faits. Michel Lambert est de ceux qui ne mettent jamais le curseur du temps à la Nouvelle-France, à la Conquête, ou encore à Expo 67; il en fait un long récit qui remonte bien avant les Iroquois; dans ces époques lointaines qui nous ont donné le maïs, la courge, les haricots. Un temps où le gibier foisonnait où le fleuve grouillait de poissons, quand les saumons remontaient  beaucoup plus loin vers l’Ouest.