Je quitte Montréal, le marché Bonsecours, la Place d’Armes, la Pointe à Callières et les récits de Michel Lambert. Chaque fois, le plus discret des défenseurs de la cuisine québécoise patrimoniale, m’impressionne par sa générosité et ses connaissances. Et si vous croyez que patrimoine rime avec passé et époque révolu, détrompez-vous. Dans son esprit, à la manière de ce qui a réanimé les variétés anciennes de tomates, de semences de toutes sortes, il faut redécouvrir les plats qui nous ont faits. Michel Lambert est de ceux qui ne mettent jamais le curseur du temps à la Nouvelle-France, à la Conquête, ou encore à Expo 67; il en fait un long récit qui remonte bien avant les Iroquois; dans ces époques lointaines qui nous ont donné le maïs, la courge, les haricots. Un temps où le gibier foisonnait où le fleuve grouillait de poissons, quand les saumons remontaient beaucoup plus loin vers l’Ouest.