petits périples

Hélène Raymond


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Les petites vaches aux yeux cerclés de noir

Les vaches Gaborit sont de bien petite taille dans cette ère de géants. Elles n’ont ni la hauteur des Holstein, ni la fesse rebondie des Charolaises. Elles ont  la patte fine,  une robe fauve et donnent du lait bien gras.

Celles  qui nous intéressent vivent en compagnie de leurs semblables et des humains qui les soignent à la Grande Nillière, dans la commune de Maulévrier, en Maine-et-Loire. La petite ferme dont plus personne ne voulait en 1979 a aujourd’hui  belle allure avec ses bâtiments de bois.

La vie des vaches Gaborit pourrait se résumer à manger, boire, ruminer et faire quelques pas pour aller et venir au caroussel de traite mais il en est tout autrement. Elles vont et viennent au pâturage du mois d’avril jusqu’à l’automne pour savourer herbes et graminées dont la saveur change au gré des soleils et des pluies. Lire la suite


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Au jour le jour, goûter le Trastevere

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« De l’autre côté du Tibre», c’est littéralement ce que veut dire Trastevere. Pour y arriver, il faut enjamber le fleuve en choisissant « son pont». De part et d’autre du pont Garibaldi, les ponts Sisto et Cestio. Le premier, réservé aux piétons. Pour parcourir le quartier, on marche de la Cité du Vatican jusqu’à l’Isola Tiberina et du fleuve jusqu’à la colline du Janicule. Là, sous les grands arbres, plusieurs vont se protéger de la chaleur. Et louer un appartement dans le Trastevere permet d’aller facilement partout.

Pour les touristes, qui se font tout de même moins « présents » qu’autour des grands monuments,  certains restos adaptent leur menu. Des marchands ambulants surgissent, matin et soir, pour monter leurs présentoirs de foulards et d’objets divers sur des boîtes de carton récupérées. Autour des fontaines et sur les places, on se presse pour entendre la musique. Dans le Trastevere, on trouve encore bon nombre d’échoppes de quartier. Pour qui veut s’incruster quelques jours, la vie en appartement offre ses avantages : on s’approprie un nouvel espace, on réduit les coûts du voyage en mangeant chez soi, on fait plus facilement le plein de légumes et de fruits frais et on a la chance de découvrir les marchands et de (peut-être) mieux choisir ses restaurants. Voici quelques pistes, pour qui voudrait revenir flâner par ici. Lire la suite


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Deux jours de soleil, trois marchés californiens

La Californie, c’est le paradis, en apparence du moins. Une végétation perpétuelle, le soleil omniprésent, les villes côtières qui empruntent toujours un air de vacances, l’alimentation la plus verte. Et le revers de la médaille. Un trafic automobile perpétuel, l’itinérance omniprésente, les villes côtières qui reproduisent des décors de vacances, l’alimentation la plus transformée. Dans la navette qui nous ramène vers l’aéroport, un homme part visiter sa petite-fille à Boston. Il se plaint des prix, de la hausse des taxes sur l’essence, de ce qui lui en coûte pour immatriculer sa voiture, des amendes imposées à ceux qui ont transgressé les règles d’arrosage lors de la sécheresse des dernières années, des migrants illégaux…bien que…«certains sont corrects et entretiennent bien les parterres». Une fois le passager descendu de la navette, la jeune chauffeur ne décolère pas. Elle n’en peut plus de cette rengaine. L’argent, l’immigration, l’eau…La misère qui croît d’un côté, la richesse,  de l’autre. Deux mondes en parallèle…et des problèmes durables au cœur même de l’État qui a vu naître les grands mouvements de syndicalisation des travailleurs agricoles au XXe siècle.  Steinbeck et ses Raisins de la colère ne sont pas très loin. Lire la suite


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Patates…pommes de terre…papa…potato…C’est toujours la saison!

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Ces jours-ci, ceux qui les cultivent pour leur consommation personnelle et qui s’amusent à découvrir sans cesse de nouvelles variétés ont le nez dans les catalogues et s’apprêtent à réserver leur provision de semences.

Ceux qui aiment s’en régaler se réjouissent de les voir un peu mieux identifiées sur les étals et de constater qu’elles retrouvent leur place. Mais ils reconnaissent aussi qu’on pourrait en manger davantage et surtout, varier considérablement notre façon de les apprêter. Parce que la patate, c’est beaucoup plus que des frites! Même si la poutine semble devenue notre plat national. Lire la suite


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L’exotisme malgache à Sainte-Anne-des-Monts

  • img_6397Au bout de la rue, on entend la mer qui pousse doucement les vagues vers la grève. Les odeurs sont figées dans le froid hivernal. Lara Miarantsoa ouvre sa porte. La maison sent bon les épices et le riz parfumé. Son sourire me réchauffe; on est à l’aise, instantanément.

Lara et sa famille sont arrivés au Québec en 1998. Ils ont vécu à Charlesbourg, près de Québec,  avant de s’établir en Haute Gaspésie où son mari poursuit  son travail de biologiste. Un jour, elle s’est demandé ce qu’elle pouvait faire pour aider sa famille à Madagascar. C’est alors qu’elle a pensé miser sur ces produits qui n’existent nulle part ailleurs. Un poivre sauvage, un poivre rose aux parfums fruités, des clous de girofle à l’odeur hyper concentrée. D’autres épices.

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Slow Food/Terra Madre ou comment tisser des fils tout autour de la Terre

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Le moment du bilan. Il est  4 heures 30 à Turin. Arrivée avant les militaires qui surveillent tout mouvement suspect dans l’aéroport, j’ai du temps, espérant pouvoir me concentrer malgré cette musique d’ambiance venue de partout et de nulle part qui brise le silence de la nuit. Je continuerai d’écrire au fil des escales de cette longue journée.

Pourquoi être revenue vers cette manifestation? Pourquoi, depuis 2006, retrouver le Piémont et observer cette migration de cinq jours qui a autant d’impact pour ces milliers de délégués qui retournent à leur point d’origine à la fin?

À ma première visite, je suivais Petrini et Slow Food depuis un bon moment. Grâce à D’un soleil à l’autre, nous avions pu nous entretenir avec lui à quelques reprises. Cette résistance au « Fast food » marquait l’imaginaire; sa formidable capacité de mobiliser autour d’un discours rassembleur distinguait déjà son organisation, tout comme ce sens aigu de la communication et de l’image.

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Mais Slow Food poussait plus loin en ramenant les paysans, les petits, les oubliés du grand système au coeur de ses actions. En clamant ces trois mots, toujours actuels: BON, PROPRE, JUSTE pour rappeler l’importance de la qualité, le respect de l’environnement et l’équité. Lire la suite


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6 femmes, 6 parcours, un même coeur.

Ça fait une semaine…jour pour jour. À Turin, j’ai eu  le bonheur d’animer le Forum des Femmes de Terra Madre. Deux heures de discussions et d’échanges entre celles qui cultivent la terre et celles qui défendent l’agriculture paysanne, locale, nourricière. Ces six femmes ne s’étaient jamais rencontrées, elles avaient été choisies parmi des milliers de délégués pour témoigner de leur expérience devant un auditorium rempli. J’avais à mes côtés un bel échantillon de la planète, des femmes généreuses, décidées à aider leurs pairs en ouvrant le chemin vers la sécurité alimentaire et l’autonomie. Difficile de résumer et d’animer en même temps! Voici leur portrait et une phrase qui résume une partie de leurs propos, ce jour-là.

Belgica Navea avait voyagé depuis le Chili où elle élève des abeilles et produit du miel en altitude. C’est elle qui a lancé les Marchés de la Terre dans son pays. Elle est venue à l’agriculture grâce à sa détermination. Son père ne voulait pas qu’elle prenne la relève, jugeant son avenir précaire.

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Nous mettons toute notre énergie à produire. Grâce à Slow Food et aux Marchés de la Terre, nous vendons mieux, plus et à meilleur prix. Nos revenus sont stables et le travail des femmes est reconnu.

Helianti Hilman Najib a fondé Javara. Lire la suite


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Vinsanto, le Val d’Orcia en verre, sans Sangiovese.

imageUne découverte de voyage. Un hasard de village. Nous avons choisi de vivre quelques jours à San Quirico, dans le val d’Orcia, en Toscane. Sienne n’est pas très loin, Rome à 200 kilomètres, le paysage est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Dans les vignes, on commence la récolte du Merlot et du Cabernet-Sauvignon, le Sangiovese n’a pas fini son mûrissement. C’est lui qui dicte ici le rythme de la vinification, le cépage qui donne le caractère des appellations toscanes.

Nous logeons chez les Piva, à l’agritourismo La Moiana. Ce qui qui nous attire au village au lendemain de notre arrivée, c’est le marché. Lire la suite


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Acquerello, une histoire de rizière « à la Slow Food »

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Turin, c’est la capitale du Piémont italien; cette zone au pied des montagnes qui annonce les montées, les villages accrochés, les vignobles en terrasse. C’est le Pô, l’eau des Alpes et ce sont d’étonnantes productions agricoles.

Il y a deux ans, Nella m’avait proposé une visite de rizière. Chez un producteur dont la réputation n’est plus à faire. Acquerello vend son riz  aux quatre coins du monde. Jusque chez nous. Dans les épiceries fines et les meilleurs restaurants. C’est le carnaroli des grands rizottos. Un grain qui absorbe petit à petit le liquide dans lequel il cuit, sans jamais fondre tout à fait.

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Grâce à elle, j’ai passé une journée à Livorno Ferraris, près de Vercelli. Sous un soleil de plomb. Une journée marquée par la découverte et l’émotion. Lire la suite


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Turin et Terra Madre

dscn1354Je pars bientôt. Dans quelques heures, je  m’en retourne à Turin où, depuis quelques années, je croise des gens de la Terre. Ceux d’ici, ceux d’ailleurs. Ils ont en commun de résister à la mondialisation en bataillant pour la diversité et l’alimentation telles que prônées par Slow Food,  cette alimentation «éco-gastronomique» qui met de l’avant trois mots: Bon (pour la qualité), Propre (pour le respect de l’environnement) et Juste (pour la dignité avec laquelle on traite ceux et celles qui nous nourrissent).

En allant là-bas, au fil des ans  j’ai rencontré Lire la suite