Pourquoi chérir l’idée de repartir en voyage? En grande partie en raison des découvertes faites au fil de la route.
Fin octobre 2014, nous roulons sur l’autoroute 40. Celle qui se déroule sur des milliers de kilomètres de sol argentin, de la Bolivie jusqu’au sud de la Patagonie en longeant la cordillère des Andes. À 2 596 mètres d’altitude, dans les vallées Calchaquies, le village blanc de Payogasta. Silencieux dans la chaleur de plomb de mi-journée.
D’un côté de la route, une auberge. De l’autre, une cour de ferme. À l’ombre d’un bâtiment: un métier à tisser et dans le champ, l’éleveur qui ramène ses bêtes dans ce concert de bêlements.
Un car de touristes attend de repartir, à l’ombre. Ils en sont au café, un peu assommés par la route et le soleil. Nous choisissons de nous poser pour manger.
Les premiers bols sont rapidement déposés sur la table. Ils contiennent du pain, qui a cuit dans ces immenses fours que l’on voit encore dans les campagnes, quelques dés de fromage, la chimichurri (ail, oignon, persil, origan, huile d’olive, vinaigre, zeste et jus de citron et sel) qui accompagne tous les plats de viande argentine et se transforme en bruschetta locale et ces légumes marinés que nous verrons tout au long de la route.
Puis, le locro. Autre plat identitaire argentin. Le ragoût de maïs, courge, haricots «goûte» la cuisson lente, les saveurs mêlées et on devine que le mouton, obtenu après que les animaux aient donné quelques tontes, compose le plat. La salade de quinoa est rafraîchissante à souhait. Une des meilleures que j’ai mangées. Toute simple et goûteuse. J’apprendrai un peu plus loin, à Cachi, que l’Argentine produit aussi du quinoa aux grains plus fins que celui du Pérou.
Le temps passe, doucement. Entre les plats, j’explore et je suis toujours surprise de voir que dans ces villages de quelques centaines d’habitants, on réussisse à faire vivre ces restaurants. La cuisine de la «Sala de Payogasta» est propre, bien tenue. La cour de ferme impeccable. Le certificat de conformité du ministère argentin du tourisme trône dans la cuisine. Dans la salle à manger (nous dînons à l’ombre de la terrasse), on a fleuri les tables de ces cannas que nous voyons partout. Des détails tout simples qui confirment que nous sommes en Argentine. À table autant que sur la route.
En écrivant ce texte un jour de novembre, je me demande pourquoi ces restaurants sont aussi difficiles à trouver chez nous. Pourquoi ne nous reste-t-il généralement que la restauration rapide au bord des routes? Pourquoi a-t-on tant de mal avec cette idée toute simple du repas qui ponctue le voyage? Vous imaginez? Quelques relais, établis le long des chemins, qui offriraient des plats goûteux, variant selon les régions. Pourquoi pas?
Mais est bon de savoir que quelque part, le long d’une route poussiéreuse qui traverse du Nord au Sud l’Argentine, on peut s’arrêter et ne plus avoir envie de repartir.