Vous vous intéressez à l’origine de l’ail que vous consommez? Quand s’épuise votre récolte ou que se vide le panier de la provision faite dans les marchés à la fin de l’été, vous demandez-vous d’où proviennent les caïeux qui parfumeront vos plats?
Si vous aimez l’ail, sa saveur délicate, vous avez probablement banni celui qui débarque de Chine. Peu coûteux, peu goûteux (quand il y a de la chair sous la pelure) et qui laisse bon nombre de questions quant à sa production.
Il faut toutefois savoir que la Chine demeure le premier producteur/exportateur mondial et que le Canada, selon une information de CBC, importerait 3 500 tonnes par année d’ail chinois. De l’ail qui, qu’il soit ou non de Chine, peut contenir son lot de virus susceptibles de menacer nos cultures.
http://www.cbc.ca/news/technology/imported-garlic-a-source-of-plant-viruses-1.2750809
Pour en voir vu assez régulièrement depuis quelques années à l’épicerie, j’étais curieuse d’en savoir un peu plus au sujet de l’ail d’Argentine. Cultivé là où les saisons sont inversées, il nous arrive après avoir été récolté au cours du printemps de l’hémisphère Sud.
Je viens de voir des millions de plants au pied des Andes, dans la vallée de l’Uco. Dans un de ces déserts argentins où on peut, grâce à des systèmes d’irrigation sophistiqués utiliser l’eau des montagnes, on cultive des noix, du raisin, des poires, de l’ail. Toutes ces plantes commandent chaleur et sécheresse, ce qu’offre le climat local. Le mercure grimpe vite au printemps et les quelques millimètres de pluie qui tombent chaque année servent d’assurance contre les maladies fongiques.
Partis de Mendoza, en direction de Lujan de Cuyo, nous avons aperçu le premier champ après avoir quitté la route nationale. C’est le vert bleuté du feuillage qui a attiré mon attention. Les plants sont cultivés serrés, sur des buttes au creux desquelles on laisse couler l’eau des réservoirs. À la tête de ces immenses superficies en culture, la canalisation pour l’irrigation. Les apports en eau sont contrôlés. Grâce à eux, une fois les plants abreuvés, les fossés deviennent des oasis où poussent même de grands saules; des arbres assoiffés. De temps en temps, un cheval attaché mange l’herbe fraîche.
En arrêtant pour une photo, je suis émue par la complainte d’une femme, son chant, dont on ne distingue pas les paroles, emplit l’air et occupe le silence. Très loin on peut voir quelques silhouettes penchées sur les champs chauffés par le soleil. Le travail semble difficile.
Le soir, en rentrant des vignobles nous verrons d’autres travailleurs, leur chargement de caieux bien calé sur l’épaule. Et nous percevrons cette fatigue imprimée au creux des reins, celle qui alourdit le pas et caractérise la démarche de ceux qui se sont penchés toute la journée.
Enfin, au hasard de la route, plus près de Mendoza encore, ce camion, lourdement chargé qui se dirige vers la dernière étape avant la mise en marché. Ce jour-là, j’aurai obtenu quelques réponses mais récolté davantage de questions quant aux conditions de travail des ouvriers agricoles, à l’usage des pesticides, à la transmission de virus ou de maladies.
Même s’il est plus fréquent de le trouver aujourd’hui sur les étals des marchés fermiers et supermarchés, l’ail du Québec reste quelquefois difficile à dénicher. Cherchez, faites des provisions, achetez-le bio. Le meilleur à mon avis. Une belle qualité, des gousses rondes et fermes, une germination tardive sans fumigation et l’assurance de faire vivre des voisins, des entreprises locales. Cher? Pas vraiment quand on ne composte que la pelure.