petits périples

Hélène Raymond

Les petites vaches aux yeux cerclés de noir

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Les vaches Gaborit sont de bien petite taille dans cette ère de géants. Elles n’ont ni la hauteur des Holstein, ni la fesse rebondie des Charolaises. Elles ont  la patte fine,  une robe fauve et donnent du lait bien gras.

Celles  qui nous intéressent vivent en compagnie de leurs semblables et des humains qui les soignent à la Grande Nillière, dans la commune de Maulévrier, en Maine-et-Loire. La petite ferme dont plus personne ne voulait en 1979 a aujourd’hui  belle allure avec ses bâtiments de bois.

La vie des vaches Gaborit pourrait se résumer à manger, boire, ruminer et faire quelques pas pour aller et venir au caroussel de traite mais il en est tout autrement. Elles vont et viennent au pâturage du mois d’avril jusqu’à l’automne pour savourer herbes et graminées dont la saveur change au gré des soleils et des pluies.

Quand Bernard et Geneviève ont acheté les premières Jersey, personne autour ne croyait qu’ils allaient y arriver. Lui-même a douté de ses petites vaches et parle encore avec émotion de ce jour où il les a vues pleurer. Convaincu qu’elles sentaient son hésitation, il a choisi de continuer. Il dit de la Jersey que c’est une des races qui interagit le mieux avec l’humain. On le croit sur parole.

Les  vaches Gaborit broutent dans des champs  bio, conformes aux normes les plus strictes. Leur 9 à 5 se vit au vent. En revenant au bâtiment pour la nuit, elles se régalent d’herbe fraîchement  coupée. Leur salade composée est étudiée, variée. On vient d’y ajouter de la chicorée, pour la bonifier.

Et ce bâtiment tout juste construit, c’est l’immense séchoir pour l’entreposage de leurs provisions d’hiver. Son toit capte la chaleur qui est redistribuée grâce à un immense ventilateur. La nuit, le déshumidificateur retire l’eau de l’air ambiant pour la stocker et la redistribuer aux vaches. Ces jours-ci, ce sont 800 litres qui retournent aux abreuvoirs.

Les vaches Gaborit font vivre plusieurs humains! Une cinquantaine, à Maulévrier seulement, auxquels s’ajoutent tous ces éleveurs qui vendent à l’entreprise le lait bio de leurs Jersiaises, de leurs brebis et chèvres. Parce que la Maison Gaborit, c’est aussi une entreprise de transformation qui produit laits cru et pasteurisé,  beurre cru de Jersiaise, oeufs et riz au lait, yaourts, kéfir, fromages. Toutes ces saveurs  voyagent ensuite  partout en France. Dans les crémeries et magasins bios.

De la détermination et du rêve d’un couple est né une aventure qui se déploie depuis bientôt quarante ans. Sa suite est assurée grâce à leurs enfants et à ceux et celles qui en sont devenus complices. Autour des vaches Gaborit se vit un projet d’une rare cohérence, mené dans le respect de la terre, des animaux et des humains.

3 avis sur « Les petites vaches aux yeux cerclés de noir »

  1. Allo Hélène! Je lis cette histoire avec des étoiles dans les yeux.. Voudras-tu nous la raconter de vive voix? Ça nous intéresse vivement! À bientôt. Anne

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