Bonavista, c’est une péninsule terre-neuvienne. Une des multiples côtes hachurées, découpées qui, si on les déroulait sur un fil, totaliseraient 29 000 kilomètres. Terre-Neuve, ce sont des caps, des anses, des baies, des paysages magnifiques. C’est aussi la roche dure, les krummholz, ces arbres fouettés par le vent jusqu’à ne plus jamais se redresser et, de temps à autre, surprise! un potager.
Pour récolter un peu de verdure par là-bas, il faut faire preuve d’une infinie patience. D’abord pour «faire de la terre», pour avoir suffisamment de compost et enfin, il faut espérer l’été qui vient plus tard qu’ailleurs. Début juillet, sauf exception, on voit davantage les étiquettes identifiant les rangs que les plantes! Il n’y a pas que la mer qui ait nourri Terre-Neuve. Les familles de pêcheurs cultivaient leurs légumes, parce qu’il fallait se nourrir mais aussi parce que la terre fournissait une bonne dose d’autonomie, face à la voracité des marchands de poisson.
Les anciens récoltaient racines, choux et pommes de terre. Ce que plusieurs font encore. Mais les jardiniers plus audacieux (ou plus gourmands) ont largement étendu les cultures aux salades, épinards, crucifères (comme les moutardes). Et les plus chanceux mettent à l’abri, dans une serre, tomates, concombres, poivrons; tous ces légumes qui préfèrent la chaleur.
Dans la péninsule de Bonavista, plusieurs potagers sont encore clôturés à l’ancienne, selon la technique de la « riggle/wriggle fence ». Une clôture haute, faite de troncs de jeunes arbres entrelacés autour de trois branches horizontales. Une construction solide, résistante qui protège du vent et des intrus. À une époque, vaches et moutons erraient librement.
Et les caveaux à légumes, bien visibles dans le village d’Elliston, mettaient les provisions à l’abri pour l’hiver.
Aujourd’hui, quelques restaurateurs achètent leurs légumes des fermes locales. Qu’il est bon d’avoir dans l’assiette ce mélange qui remplace les mélanges californiens servis jusqu’au pays de Giovanni Cabotto! On n’échappe pas à la mondialisation…même à celle de la salade…
Plus déterminés encore, certains jardinent pour leur propre restaurant. Deux beaux exemples de la péninsule de Bonavista: le 2 Whales Coffee shop. Son potager « à l’an
cienne » se trouve juste derrière le café. La serre et un grand espace en culture situés plus loin, comblent les besoins. Potages, légumes des salades, fruits proviennent du jardin.
Autre endroit: le Bonavista Social Club, à Upper Amherst Cove. Le basilic et les tomates
des pizzas poussent en serre; une longue plate-bande des légumes s’interpose entre la terrasse du restaurant et la baie; les pierres géantes du mur de soutènement, chauffées toute la journée par le soleil libèrent leur chaleur la nuit venue, réduisant les écarts de température. En juillet, il n’est pas rare de voir le mercure descendre sous les 10 degrés.
«Impossible» n’entre pas dans le vocabulaire des jardiniers de Terre-Neuve! Et l’engouement pour le jardinage et la volonté de connaître et contrôler la provenance de ses aliments se manifeste partout.
12 juillet 2016 à 16 h 20
Nous sommes passés par la la semaine dernière! Fabuleux ce coin de pays!
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11 juillet 2016 à 13 h 00
J’aimerais bien faire le voyage, tu rends tout si intéressant , même les clôtures.
Suzanne
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11 juillet 2016 à 10 h 18
J’ai vu ces jardins cloturés le long de l’autoroute qui mène à l’Anse aux Meadows, au milieu de nulle part.On nous a dit qu’on avait profité du défrichement lors de la construction de la route pour utiliser ces coins de sol fertile.
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